Un magasin à Talange, dans l’est de la France, le 2 janvier 2017. | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Le travail dominical passe un nouveau cap : plus de 120 enseignes de l’habillement vont pouvoir ouvrir le dimanche, après la signature d’un accord de branche, conformément à la loi Macron du 6 août 2015. Il sera applicable à compter du 1er août, a précisé Claude Boulle, de l’Alliance du commerce, confirmant une information du quotidien Les Echos.

Signé entre la fédération des enseignes de l’habillement, la CFDT et la CFTC, cet accord concerne plus de 120 000 salariés et 22 000 points de vente. Il prévoit le doublement de la rémunération des heures effectuées le dimanche, un repos compensateur rémunéré pour les heures supplémentaires, et s’appuie sur le principe du volontariat réversible et la possibilité d’y renoncer ponctuellement en cas d’indisponibilité.

Plafond annuel

Un plafond a été fixé à 26 dimanches travaillés par an, sauf si le salarié souhaite en faire plus. Les enseignes s’engagent aussi à prendre en charge les frais de garde d’enfant à hauteur de 40 euros par dimanche travaillé.

« Cet accord est une excellente nouvelle pour nos enseignes, qui traversent des moments difficiles depuis plusieurs années. Les magasins d’habillement, à l’instar des grands magasins, vont enfin pouvoir bénéficier de la clientèle dominicale », s’est félicité Christian Pimont, président de l’Alliance du commerce.

Ces ouvertures dominicales devraient avoir « un impact favorable sur l’emploi », estime l’organisation patronale, qui table sur la création de 250 nouveaux emplois et le maintien de 850 postes grâce au surplus de chiffre d’affaires généré.

« Emploi partiel et précaire »

Une analyse rejetée par la fédération FO commerce, qui estime au contraire que le travail du dimanche « favorise l’emploi partiel et précaire » de salariés « payés à peine le smic, qui n’ont souvent aucun choix, surtout lorsqu’ils veulent être embauchés ». Selon son représentant Christophe Le Comte, il risque en outre « de favoriser la multiplication de facilités offertes aux grandes enseignes, dont la concurrence détruit le commerce de proximité et fait mourir les centres-villes ».

« C’est une mesure libérale qui n’a aucune utilité socialement. Les gens n’ont qu’un salaire et ils ne dépenseront pas plus qu’ils ne peuvent. Les magasins vendront seulement moins le reste du temps », a estimé de son côté Jenny Urbina de la CGT commerce, strictement opposée au travail dominical. « Le dimanche risque de redevenir bientôt un jour travaillé comme les autres », sans majoration d’heures supplémentaires ou seulement avec un simulacre de majoration, estime-t-elle.