Depuis les prévisions de recrutement 2017 publiées par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) en février, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a corrigé ses perspectives de croissance à 1,6 % du PIB. Les intentions de recrutement ont suivi et atteignent des niveaux jusqu’alors inégalés : près de 215 000 embauches de cadres sont prévues par les entreprises cette année, soit une hausse de 5 % sur un an et de « 50 % par rapport à 2013 », souligne Jean-Marie Marx, le directeur général de l’APEC. L’association qui publie vendredi 7 juillet sa note de conjoncture trimestrielle, estime, sauf accident conjoncturel, que les recrutements devraient dépasser le seuil de 225 000 l’année prochaine.

L’amélioration du marché de l’emploi des cadres est portée par les investissements, en hausse de 2,3 % en 2017, et la confiance des entrepreneurs. Le moral des employeurs est au beau fixe : « Cinquante-huit pour cent des entreprises [interrogées par l’APEC en juin] déclarent avoir l’intention de recruter au moins un cadre dans le trimestre », confirme Pierre Lamblin, directeur du département études et recherche de l’APEC. Ils n’étaient que 52 % dans ce cas au troisième trimestre 2016.

« Le temps du rattrapage est derrière nous »

Qui en profite ? L’embellie concerne les cadres de quasi tous les secteurs, hormis le médico-social et le commerce transport. Même l’industrie devrait en recruter davantage en 2017. La tendance est particulièrement forte dans le secteur informatique : « Cinquante-six pour cent des entreprises des activités informatiques ont le sentiment d’évoluer dans un environnement économique plus favorable », explique l’APEC. Quatre-vingt-seize pour cent des entreprises de ce secteur prévoient de recruter au moins un cadre au troisième trimestre 2017. Et 83 % expriment des difficultés de recrutement sur certains métiers. « Ingénierie, recherche et conseil représentent 44 % des recrutements. Ces trois secteurs forment la locomotive, car les transformations numériques sont engagées dans les entreprises », commente M. Lamblin.

La hausse des intentions de recrutements profite même aux juniors et aux seniors, habituellement parents pauvres du marché de l’emploi cadre. Les employeurs ciblent toujours prioritairement les jeunes d’un à dix ans d’expérience, mais la part réservée aux jeunes diplômés débutant passe de 38 % à 44 % au troisième trimestre 2017, et celle des cadres très expérimentés (plus de vingt ans) de 38 % à 45 %.

Ainsi, « la part des cadres en poste au moment de leur départ à la retraite pourrait s’établir à 53 % en 2019 », estime l’APEC. A condition que la progression annuelle continue amorcée en 2015 se poursuive. Depuis des années, au moment du départ à la retraite, seul un cadre sur deux est actif, précisément 52 % en 2017, contre 48 % en 2014, le niveau le plus bas depuis dix ans, et contre 60 % en 2007, avant la crise financière. La tendance pour les cadres seniors est donc bien à l’amélioration, même si paradoxalement le premier motif de recrutement de cadres avancé par les entreprises est le turnover et… les départs à la retraite.

Enfin, pour Jean-Marie Marx, il s’agit d’une hausse d’emploi « structurelle ». « Le temps du rattrapage est derrière nous », a-t-il déclaré lors de la présentation de la note de conjoncture, avant de conclure que « le sujet de 2018 sera le maintien de ce climat positif dans la durée ». Le nombre de cadres inscrits à Pôle emploi en catégories A, B et C, s’élevait à 316 000 à la fin d’avril, à comparer aux 5,5 millions de demandeurs d’emploi (A, B et C) toutes catégories socioprofessionnelles confondues.