Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, le président américain, Donald Trump, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau,  ont participé samedi 8 juillet au lancement de la fondation d’Ivanka Trump pour l’entreprenariat des femmes. | POOL / REUTERS

Le G20 a connu son « moment Ivanka ». Samedi 8 juillet, au deuxième jour du sommet de Hambourg, la Banque mondiale a annoncé le lancement d’un nouveau fonds dédié à l’émancipation des entrepreneuses dans les pays en développement. Une initiative impulsée par la fille aînée du président américain, Donald Trump, et encouragée par l’Allemagne, qui assure la présidence du G20.

La scène réunissant entre autres le président des Etats-Unis, sa « first daughter », la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, aura offert une rare image de concorde à un sommet international marqué par les tensions. « Madame la chancelière, merci pour votre leadership incroyable et inspirant », s’est exclamé M. Trump à l’adresse de Mme Merkel, qui a fait de la promotion des femmes l’un des thèmes du G20.

En favorisant l’entrepreneuriat féminin, « nous investissons dans la prospérité et nous investissons dans la paix », s’est aussi félicité le président américain. Un enthousiasme qui contraste avec les coupes claires tout juste décidées par la Maison Blanche dans une série de programmes d’aide au développement.

Premiers fonds récoltés auprès de l’Arabie saoudite

L’initiative vise à fournir aux entrepreneuses une assistance technique et des prêts allant de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers de dollars selon les besoins. La Banque mondiale explique qu’elle vise à remédier au principal handicap dont souffrent ces créatrices d’entreprise : près de 70 % d’entre elles, dans les pays en développement, sont pénalisées par des difficultés d’accès au financement.

Plus de 300 millions de dollars ont déjà été levés, principalement auprès de gouvernements étrangers. Les premiers fonds ont été récoltés auprès de l’Arabie saoudite, une donation annoncée en mai, à l’occasion de la visite de M. Trump dans la pétromonarchie, pourtant peu réputée pour son progressisme en matière de droits des femmes.

Pendant sa campagne électorale, Donald Trump avait d’ailleurs jeté l’opprobre sur la fondation caritative de son adversaire Hillary Clinton pour avoir accepté de l’argent de Riyad. « Vous parlez de droits des femmes ? Il s’agit de gens qui tuent les femmes et les traitent horriblement. Et vous prenez leur argent », avait lancé le républicain à la démocrate lors d’un débat électoral en octobre 2016. Depuis, de nombreux autres pays ont versé leur écot, parmi lesquels l’Allemagne, les Etats-Unis ou le Japon.

Etablir des lignes de communication

La Maison Blanche rappelle en outre qu’elle ne joue aucun rôle opérationnel dans ce nouveau programme piloté par la Banque mondiale. Tout au plus Ivanka Trump lui prêtera-t-elle son image et « son expertise », fait-on valoir du côté de l’institution multilatérale d’aide au développement.

Pour certains, l’empressement de la Banque mondiale à mettre en œuvre l’initiative suggérée par Mme Trump relève beaucoup de la stratégie : il s’agit d’établir des lignes de communication avec la Maison Blanche. Proche conseillère du président, Ivanka Trump passe pour une personnalité sachant tempérer les excès paternels.

Cette arrière-pensée semble avoir aussi guidé Mme Merkel. En délicatesse avec le président américain, elle avait invité, à la fin d’avril, sa fille à Berlin pour parler de son expérience d’entrepreneuse à l’occasion d’une conférence internationale consacrée aux femmes. Un geste aussitôt interprété comme une opération de séduction.