Agriculteurs, militants écologistes et anticapitalistes ont rendez-vous pour protester contre le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les 8 et 9 juillet. Ici une manifestation d’opposants en novembre 2016. | AFP

Quelques semaines après les élections présidentielle et législatives et le chambardement politique qui s’en est ensuivi, le grand rassemblement national rituel des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), se déroule, samedi 8 et dimanche 9 juillet, sous le signe d’une grande incertitude.

Que feront le nouveau président, Emmanuel Macron, et le gouvernement d’Edouard Philippe ? L’annonce de la nomination de trois médiateurs par le premier ministre, le 1er juin, pour « envisager les solutions permettant de répondre aux impératifs d’aménagement, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l’ordre public », donne un peu de marge aux opposants. Ceux-ci espèrent que l’étude d’autres solutions que le transfert de l’actuelle plate-forme aéroportuaire de Nantes-Atlantique vers le bocage, à une vingtaine de kilomètres au nord de l’agglomération nantaise, permettra de poser la question du réaménagement du site actuel. Les partisans du nouvel aéroport craignent, eux, un nouvel enterrement de première classe, un report sine die de ce projet déjà ancien de plus d’une cinquantaine d’années.

Les trois médiateurs, Anne Boquet, Michel Badré et Gérard Feldzer, ont déjà commencé, à un rythme soutenu, les consultations. Des ailes pour l’Ouest, l’association référente qui milite pour le transfert à Notre-Dame-des-Landes, s’est félicitée le 13 juin dans un communiqué d’avoir pu développer auprès de la mission de médiation ses arguments en faveur du nouvel aéroport. Elle a aussi rappelé aux trois envoyés « gouvernementaux » l’importance, pour eux, du résultat de la consultation départementale voulue par le chef de l’Etat d’alors, François Hollande, qui avait donné, le 26 juin 2016, une victoire aux partisans du nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (55,17 % de oui).

Le temps de la médiation

C’était il y a un an, et cette défaite électorale des opposants, si elle n’avait pas entamé leur détermination, avait un peu modifié la donne. Le gouvernement socialiste d’alors n’avait d’autre solution que de lancer le démarrage du chantier et, à tout le moins, d’évacuer la ZAD, la zone d’aménagement différé, devenue « zone à défendre » et occupée par quelques centaines d’agriculteurs, militants écologistes et anticapitalistes. D’autant que les recours juridiques, nationaux comme européens, tombaient les uns après les autres. Certaines procédures restent en cours, notamment en appel, mais ce n’est pas sur le terrain juridique que les opposants gagneront.

Ils espèrent que l’arrivée d’un nouveau gouvernement et, surtout, la nomination de l’icône écologiste Nicolas Hulot à la tête justement du ministère de la transition écologique et solidaire signifieront l’abandon de ce projet qu’ils jugent inutile, coûteux et contraire à l’esprit de l’accord de Paris sur le climat, car encourageant le transport aérien notamment. Nicolas Hulot, qui a de tout temps exprimé son opposition à ce projet de nouvel aéroport nantais, avait toutefois, au lendemain de la consultation départementale de l’an dernier, laissé entendre qu’il fallait prendre en compte ce résultat électoral. Que diront les trois médiateurs dans leur rapport, qu’ils doivent rendre au premier ministre à la fin de l’année ?

Pour l’heure, le temps est donc à la médiation, une de plus après les nombreuses missions de dialogue ou de concertation tentées depuis cinq ans. Rien qui ne soit de nature à émouvoir les milliers d’opposants qui ont rendez-vous, samedi et dimanche, au chêne des Perrières, entre le petit village de Notre-Dame-des-Landes et Le Temple-de-Bretagne. La coordination, qui regroupe une soixantaine d’organisations, de syndicats et d’associations, y propose moult débats, consacrés aux « chantiers imposés et inutiles », aux questions agricoles ou encore aux « violences policières ». L’invité de l’année, après les opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bures, en 2016, est le Collectif pour le triangle de Gonesse. Ce dernier dénonce le projet d’Auchan, à travers sa filiale Immochan, de construire, sur 700 hectares, un vaste centre commercial et de loisirs, artificialisant ainsi des terres agricoles au nord de Paris. Un autre dossier sensible pour le ministre Hulot…