Des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des manisfestants, le 8 juillet 2017, à l’occasion du G20 à Hambourg. | CHRISTOPHE GATEAU / AFP

Comment de tels débordements ont-ils été possibles ? Et qui en sont les responsables ? Ces deux questions dominent l’actualité allemande après le G20 organisé vendredi 7 et samedi 8 juillet à Hambourg. Un sommet qualifié par toute la presse d’« échec », de « fiasco » et de « désastre » en raison des scènes de violence qui ont plongé certains quartiers de la ville dans un chaos total entre jeudi soir et dimanche matin.

Pour le gouvernement, la réponse est claire : les seuls coupables de ces violences – qui avaient déjà conduit, dimanche, à l’interpellation d’environ 150 personnes – sont les manifestants d’extrême gauche. « La terreur semée par l’extrême gauche à Hambourg est répugnante et aussi grave que celle semée par l’extrême droite et les islamistes. Merci à Hambourg. Merci à la police », a ainsi tweeté, samedi, le ministre de la chancellerie Peter Altmaier, bras droit d’Angela Merkel.

Il n’est pas sûr que cette explication suffise. Durant tout le week-end, les critiques se sont multipliées à l’égard d’Olaf Scholz, le maire social-démocrate (SPD) de Hambourg. Avant le sommet, celui-ci s’était voulu rassurant : « soyez tranquilles : nous pourrons garantir la sécurité », avait-il déclaré à ses administrés. Dimanche soir, sur le plateau de la chaîne ARD, M. Scholz a été pris à partie par un responsable de la police de Hambourg : « le fait est que la protection des participants au sommet était la priorité numéro un et que la protection des habitants de la ville n’est venue qu’en second », a-t-il lancé. « Ce n’est pas comme ça que je vois les choses », a répliqué le maire.

Des failles aussi imputables à l’Etat fédéral

Officiellement, Angela Merkel soutient Olaf Scholz. Samedi, après le sommet, les deux dirigeants ont affiché leur unité en posant côte à côte, entourés de policiers, devant les photographes. Localement, les amis de la chancelière jouent toutefois un autre jeu, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Hambourg ayant réclamé la démission du maire. Ce que celui-ci a fermement exclu dimanche.

Si l’affaire intéresse autant la presse, c’est que l’avenir de M. Scholz ne concerne pas que les Hambourgeois. Ministre du travail d’Angela Merkel de 2007 à 2009, puis maire de la deuxième ville la plus peuplée d’Allemagne depuis 2011, Olaf Scholz ne cache pas ses ambitions nationales. En cas de défaite de Martin Schulz aux élections législatives du 24 septembre, il est considéré comme un des rares dirigeants du SPD à pouvoir assurer la relève à la tête du parti.

Si elle a tout intérêt à affaiblir M. Scholz, la CDU doit cependant veiller à ne pas en faire trop, au risque de fragiliser la chancelière. A gauche et parmi les éditorialistes, certains estiment en effet qu’elle a sa part de responsabilité dans ce qui s’est passé, à la fois parce que les failles en matière de sécurité sont autant imputables à l’Etat fédéral qu’aux autorités locales, mais aussi parce que c’est elle qui a souhaité que le G20 se tienne dans sa ville natale, malgré ceux qui pensaient que ce choix était risqué en raison de la présence d’une extrême gauche très active à Hambourg. Des critiques que la chancelière a, jusque-là, balayées d’un revers de main.