Documentaire sur France 3 à 00 h 05

Chronique douce-amère d’une bande de copains dans les quartiers nord | France 3

Il suffit souvent de franchir les frontières invisibles des quartiers pour découvrir ce qui se passe chez nos voisins les plus proches. C’est la démarche que Romain Fiorucci et Fanny Fontan ont entreprise en se rendant dans la cité de la Busserine, située dans les quartiers nord de Marseille. Là, ils y ont retrouvé Chadali, Daouda, Fays, Kharym, rencontrés lors de reportages précédents. Agés d’environ 20 ans, Français d’origine comorienne, de confession musulmane et fiers de l’être, ils se racontent au quotidien.

En apprentissage ou effectuant des petits boulots, ils ont décidé, à quelques mois de l’élection présidentielle, de s’investir dans un collectif de jeunes pour faire voter les habitants du quartier où l’abstention atteint des records. Un défi difficile à relever alors que les politiques n’ont plus aucune crédibilité dans ces lieux gangrenés par le chômage et la violence. Néanmoins, en allant à la rencontre des gens, en les conviant à des ani­mations théâtrales, ils arrivent à les mobiliser et, parfois, à les faire changer d’avis.

Chronique douce-amère

Mais, au-delà de leurs engagements citoyens, c’est leur vision de la vie que racontent les quatre amis, tour à tour face à la caméra. Leurs réflexions sont lucides et leur analyse de la situation est souvent pertinente.

Certes, le quartier recense tous les problèmes liés aux banlieues (chômage, drogue, exclusion, racisme) et il est difficile d’en sortir. « Je ne suis pas sûr que l’on souhaite se retrouver dehors sans nos codes car on serait perdus », dit l’un d’eux. « Le quartier, c’est comme une cage, mais il y a une porte qui peut s’ouvrir pour aller voir ailleurs, quitte à revenir si cela ne nous plaît pas », avance un autre. Quant à ­savoir s’ils se sentent plus français que comoriens, chacun hésite dans sa réponse, tant les deux ­cultures cohabitent à l’intérieur et hors de la maison familiale.

A travers cette chronique douce-amère, exacerbée par la campagne électorale où se profile la menace du Front national, les deux réalisateurs dressent le portait plutôt attachant d’une bande de copains qui sait comment s’en sortir mais sans oser vraiment franchir le pas. Même s’ils semblent être une exception dans cette cité, leurs sourires, leurs doutes et leur maturité restent très émouvants et surtout encourageants.

Quartiers nord, au-delà des tours, de Romain Fiorucci et Fanny Fontan (Fr., 2017, 52 min).