A Amsterdam, considérée comme l’une des villes européennes qui aura le plus à souffrir du réchauffement climatique, est né un institut dédié à la recherche de solutions pour les problèmes métropolitains (Amsterdam Metropolitan Solutions, AMS), problèmes qui ne devraient pas manquer de s’aggraver avec l’urbanisation croissante de la planète. « Sur les dix-sept projets de recherches que nous menons actuellement à Amsterdam, près de la moitié sont liés directement ou indirectement au réchauffement climatique », indique Arjan Van Timmeren, directeur scientifique de l’AMS depuis sa création (en 2013), et professeur d’urbanisme à l’université technologique de Delft.

L’unité de l’AMS chargée de la « résilience urbaine au climat » dresse actuellement une carte des températures de la capitale néerlandaise. Elle met en exergue les îlots de chaleur urbains, zones où la température est plus élevée d’au moins 5 degrés par rapport aux zones rurales environnantes. L’objectif de l’AMS est de proposer aux acteurs de la cité un éventail de solutions pour rafraîchir ces îlots.

Alerte aux averses torrentielles

Une autre équipe met au point une application pour smartphones afin de proposer aux habitants d’Amsterdam, dont 55 % utilisent la bicyclette pour leurs déplacements, les trajets pour respirer l’air le moins pollué, même s’ils ne sont pas les plus courts. Dans une ville située à 6 mètres sous le niveau de la mer, le projet baptisé Rain Sense vise par ailleurs à créer un dispositif d’alerte, rue par rue, via smartphones, aux averses torrentielles de plus en plus fréquentes et aux inondations subséquentes. Cette application cumulera les données fournies par différents capteurs ainsi que les signalements et photos envoyés par les riverains.

Enfin, en collaboration avec la Fabrique de la Cité, think tank sur l’innovation urbaine basé à Paris, l’institut néerlandais imagine l’aménagement d’un parc de La Plaine Saint-Denis (93) avec des structures définitives ou temporaires, afin d’inciter à sa fréquentation.

Tel était aussi le défi qu’avait à relever l’architecte suisse Philippe Rahm dans la conception de l’eco-parc Jade en voie de finition à Taïwan, ville polluée où le climat subtropical incite les citadins à préférer les espaces intérieurs climatisés. Avec des dispositifs plus végétaux que technologiques, des « micros climats » ont été créés en fonction des activités proposées dans le parc : un parcours familial « moins pollué », un parcours sportif « plus sec » et un parcours détente « plus frais ».

Une « architecture météorologique »

Philippe Rahm, dont l’agence est basée à Paris, estime que « les architectes doivent s’emparer avec volupté et enthousiasme des nouvelles données climatiques plutôt que de les subir comme de nouvelles contraintes techniques ». Un pragmatisme qui l’a amené à concevoir une « architecture météorologique » pour des appartements économes en énergie, réalisés à Hambourg notamment. Exploitant le comportement physique de l’air qui monte quand il est chaud et descend quand il est froid, il a placé les salles de bain en hauteur, les salons un peu plus bas dans un « climat » tempéré, les cuisines plus bas encore, au frais, et les chambres au niveau inférieur dans « les nappes d’air les plus froides ».

Côté matériaux, à l’heure où les immeubles en verre se multiplient, le photovoltaïque pourrait permettre de nouvelles avancées contre l’excès de soleil : Vinci Construction et Sunpartner Technologies, spécialiste français de l’innovation solaire, se sont alliés pour concevoir une fenêtre à double vitrage opacifiante par autorégulation et productrice d’énergie, à la manière d’un panneau solaire. « Cette fenêtre peut bloquer jusqu’à 90 % du rayonnement qui passe à travers elle. Avec en plus l’énergie qu’elle libère, elle pourra permettre des économies de 30 % aux bâtiments équipés », assure Jérôme Stubler, président de Vinci Construction.

Son entreprise, avec l’école d’ingénieurs AgroParisTech, peaufine un outil d’évaluation de la biodiversité en milieu urbain, afin d’identifier les zones susceptibles d’être végétalisées et de proposer ensuite les aménagements adéquats. Le rêve de Jérôme Stubler est de contribuer ainsi « à faire baisser d’un ou deux degrés » la température dans les villes.