Le procès de Mark Karpeles s’est ouvert, mardi 11 juillet au matin à Tokyo. L’ex-patron de la plate-forme d’échange de bitcoins désormais faillie MtGox (dont le siège était à Tokyo) comparaît pour détournement de fonds et d’autres chefs d’accusation. Lors de cette première audience, qui sera suivie d’une seconde jeudi, Mark Karpeles a plaidé non coupable.

L’affaire de la faillite de MtGox, en 2015, avait fait grand bruit au Japon et à l’étranger, et a saboté un temps la réputation de la cryptomonnaie bitcoin. M. Karpeles a toujours affirmé que la plate-forme avait été victime d’une attaque informatique extérieure mais, à la mi-septembre 2015, il a été mis en examen et emprisonné, après déjà six semaines de garde à vue, pour falsification d’informations et détournement d’une somme de 321 millions de yens (2,4 millions d’euros).

Relâché moyennant une caution après un an en détention, Mark Karpeles avait déjà été condamné en France en 2010 pour intrusion dans un système informatique.

Vêtu d’un costume sombre, cheveux fraîchement coupés et coiffés, Mark Karpeles s’est présenté au tribunal un peu moins d’une heure avant son procès, qui a débuté à 10 heures précises, heure locale (3 heures, heure française). Ce style soigné tranche avec l’image très décontratée et arrogante qu’il a donnée de lui lors de précédentes apparitions. « Je jure devant Dieu que je suis innocent », a dit l’ex-patron de MtGox, lisant en japonais une lettre remise par son avocat.

« Je présente mes excuses »

Le trentenaire comparaît notamment sous les chefs d’accusation de manipulations de données informatiques et de détournement de fonds commerciaux « dans le but de couvrir des frais personnels, avec manquement aux obligations découlant de sa charge ». Une centaine de particuliers attendaient devant le tribunal, mais seulement vingt et un ont été choisis par tirage au sort pour assister à cette première audience.

Mark Karpeles, qui s’est défini devant les magistrats comme « informaticien », bénéficie de l’assistance de deux interprètes japonaises. La lecture de l’acte d’accusation, avec forces détails, a duré près de trente minutes en japonais, puis autant en français, une durée inhabituelle, au point que le juge principal a demandé au prévenu de s’asseoir.

M. Karpeles a contesté avoir sciemment usé à des fins personnelles de l’argent d’autrui et a une fois encore affirmé que la plate-forme MtGox avait été victime d’une attaque informatique extérieure. « La faillite de MtGox a entraîné beaucoup de dommages et, en tant que PDG à l’époque, je présente mes excuses », a-t-il déclaré.

« Les charges retenues contre lui risquent de ne pas couvrir tout ce qui est arrivé au sein de MtGox, donc il s’agit juste de voir jusqu’où vont les investigations », a déclaré un des investisseurs lésés, Kolin Bruges, en patientant devant le tribunal. Lui comme beaucoup d’autres attendaient ce procès et espèrent récupérer un pourcentage de leur mise initiale. Selon des médias japonais, les sommes qu’ils avaient investies pourraient leur être remboursées en tout ou partie, au choix en devises traditionnelles ou en bitcoins.