L’université de la Sorbonne, à Paris. Peu connu du grand public, bien que proposé dans la quasi-totalité des universités, le DAEU offre chaque année à 5 000 à 6 000 lauréats la possibilité d’entrer à l’université. | JOEL SAGET / AFP

Le bac, seule porte d’entrée de l’enseignement supérieur ? C’est ce que l’on pourrait croire en voyant chaque année des adultes s’y présenter (4 % des candidats) aux côtés des lycéens de terminale. Pourtant, il existe depuis 1994 un autre sésame vers les études supérieures : le diplôme d’accès aux études universitaires, ou DAEU. Celui-ci est ouvert à toute personne de 24 ans minimum – ou à partir de 20 ans si l’on a deux ans déjà d’expérience professionnelle.

Peu connu du grand public, bien que proposé dans la quasi-totalité des universités, ce cursus offre chaque année une deuxième chance à 5 000 à 6 000 lauréats, comme le rappelle Franck Giuliani, vice-président du réseau de la formation continue universitaire (FCU). « Homologué au niveau IV, contrairement à son prédécesseur créé dans les années 1950, l’ESEU, ce diplôme permet de postuler dans toutes les licences, BTS ou DUT, mais aussi de s’inscrire à des concours administratifs. »

Cours du soir et modules en ligne

Il confère donc les mêmes droits que le bac. Avec, en prime, « une organisation pleinement adaptée à des auditeurs en reprise d’études », ajoute M. Giuliani, citant les cours du soir, les modules à suivre en ligne et d’autres aménagements proposés par certaines universités, comme des « fonctionnements par sessions permettant des entrées en cours de semestre ».

Alors que le bac comprend de neuf à dix épreuves selon les séries, le DAEU repose sur seulement quatre matières : le français, une langue vivante en option littéraire (A) ou des mathématiques dans le cas de l’option scientifique (B), complétés par deux enseignements à choisir en fonction de son projet personnel – chimie, géographie, philosophie ou encore économie.

Le cursus est à la fois individualisé et resserré sur des compétences clés.

A la fois individualisée et resserrée sur des compétences clés, cette maquette permet aux élèves de concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales avec un retour en formation. D’autant que la validation des épreuves peut se faire sur quatre ans. Gare toutefois à considérer ce nombre de matières restreint comme une solution de facilité. Les enjeux n’en sont en fait que plus concentrés. « Le vaste jeu d’options proposé au bac aide à compenser d’éventuelles défaillances. C’est un filet de sécurité que l’on n’a pas en DAEU », pointe Fabien Picaud, responsable du DAEU de l’université de Franche-Comté.

D’autre part, si le volume de connaissances à acquérir est forcément moins important qu’en terminale, le niveau des exigences est identique. « Tous nos programmes ont été revus en parallèle de la réforme du lycée, et les thèmes généraux sont étudiés de la même manière », insiste Fabien Picaud.

Codes de l’univers scolaire

Quand on a passé des années loin de l’univers scolaire, il n’est pas facile de s’en réapproprier les codes d’autant que certains ont pu souffrir de ruptures de parcours. Enseignant à l’université du Littoral, François Annocque mise donc, comme nombre de ses collègues, sur une pédagogie active : « Quand on travaille sur des groupements de textes autour des droits et des inégalités par exemple, on va passer par des études de cas concrets ou des recherches documentaires. »

En mobilisant les expériences de vie des élèves, ils les aident à gagner en confiance et en autonomie, avant de les lancer dans les dissertations et devoirs sur table. Et à résoudre les problèmes si besoin. « Les évaluations finales s’assortissent en général d’un contrôle continu, ce qui permet de repérer plus vite les difficultés », précise Franck Giuliani.

Un effort important à fournir

C’est aussi un moyen de « maintenir la motivation des inscrits sur le long terme », constate Christophe Henrion, responsable du DAEU de l’université de Reims Champagne-Ardenne. Car l’effort demandé au-delà des cours est important. « Pour deux heures en fac, je comptais cinq à six heures de travail personnel pour retravailler les différentes notions, faire des exercices et consulter les annales d’examens », se souvient Ludovic Gillard, 43 ans, diplômé en 2012 du DAEU de l’université de Franche-Comté. Il ne regrette rien, au contraire. Après dix-sept ans de carrière dans les transports, ce responsable d’exploitation qui avait arrêté ses études en première a pu, grâce au DAEU, intégrer une fac de sciences. Aujourd’hui, le voilà professeur en lycée professionnel, en train de préparer les candidats du prochain bac !