« Ne laissez pas Soros rire le dernier », une affiche controversée contre le philanthrope, à Szekesfehervar, près de Budapest, le 6 juillet. | ATTILA KISBENEDEK / AFP

A quelques jours de la visite de Benyamin Nétanyahou à Budapest, le gouvernement hongrois a décidé de mettre un terme, mercredi 12 juillet, à la campagne d’affichage controversée visant le milliardaire philanthrope américain George Soros. Juif hongrois d’origine, celui-ci apparaissait en photo, tout sourire, avec le slogan « ne laissez pas George Soros rire en dernier ! » L’initiative a provoqué un imbroglio entre les deux pays, conduisant même M. Nétanyahou à désavouer son corps diplomatique.

Le 8 juillet, l’ambassadeur d’Israël à Budapest, Yossi Amrani, avait appelé le gouvernement hongrois à cesser cette campagne, qui « évoque non seulement de tristes souvenirs mais sème la haine et la peur ». Son ministère de tutelle avait validé le communiqué. George Soros, qui s’est dit « bouleversé », est désigné comme un ennemi politique par Viktor Orban, en raison de son soutien à des ONG défendant les droits des minorités et des migrants du Moyen-Orient que le premier ministre veut empêcher de venir dans son pays.

Blocage systématique

Mais le 10 juillet, à la demande de M. Nétanyahou, le ministère des affaires étrangères s’est rétracté, en choisissant de s’en prendre à M. Soros, coupable de « porter atteinte aux gouvernements israéliens démocratiquement élus en finançant des organisations qui diffament l’Etat juif et cherchent à lui nier le droit à se défendre ». Israël apprécie le blocage hongrois systématique au sein de l’UE contre les initiatives perçues comme hostiles contre l’Etat hébreu. Et les deux pays partagent une même politique agressive contre les voix critiques dans la société civile.

Un député du Likoud a même saisi l’occasion pour annoncer qu’il présenterait un projet de loi, appelé le « Soros Bill », visant à empêcher tout individu riche, aidant des organisations qui soutiennent le boycottage et les sanctions contre Israël, de financer des ONG dans le pays même. Or M. Soros apporte son soutien depuis des années à des ONG piliers de la société civile israélienne, étiquetées de gauche, qui se battent pour les droits des minorités et documentent l’occupation.