De nouveaux sites possibles de fosses communes, au nombre de 38, ont été découverts en République démocratique du Congo (RDC), dans la région centrale du Kasaï, secouée depuis près de neuf mois par des violences, a déclaré l’ONU mercredi 12 juillet. Ce qui porte à 80 le nombre de charniers recensés dans la région, qui a connu une montée de la violence entre les forces de sécurité locales et une milice rebelle à l’autorité de Kinshasa, les Kamwina Nsapu, depuis septembre 2016.

La communauté internationale a tiré la sonnette d’alarme à propos de ces violences, qui ont causé la mort de plus de 3 000 personnes, d’après des chiffres collectés par l’Eglise catholique du Congo. La Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco), chargée du maintien de la paix, avait précédemment évoqué un bilan de « plus de 400 morts », alors qu’on estime qu’environ 1,3 million de personnes ont fui leur foyer dans les provinces du Kasaï.

L’enquête missionnée par l’ONU a découvert les dernières fosses communes dans les régions de Diboko et de Sumbula, situées dans le territoire de Kamonia (sud-ouest), a déclaré l’organisation. Les violences ont débuté en 2016 quand Jean-Pierre Mpandi, chef tribal connu sous le nom de Kamwina Nsapu, a ouvertement remis en cause l’autorité du régime de Joseph Kabila.

Des « atrocités »

Kamwina Nsapu a été tué lors d’une opération militaire en août 2016, mais ses partisans ont continué le combat avec l’espoir qu’il vive encore, sa dépouille n’ayant pas été restituée au clan et n’ayant pas reçu les honneurs ou les rites funéraires dus à son rang.

En février, l’ONU a accusé les rebelles Kamwina Nsapu d’enrôler des enfants dans ses milices et de commettre des « atrocités », tout en dénonçant l’usage disproportionné de la force par l’armée congolaise face à des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.

En mars, deux experts onusiens, l’Américain Michael Sharp et la Suédo-Chilienne Zaïda Catalan, missionnés par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour enquêter sur ces violences, ont été assassinés dans le Kasaï-Central. Le procès de leurs assassins présumés est en cours à Kananga, capitale du Kasaï-Central. Le gouvernement a accusé les rebelles Kamwina Nsapu d’avoir commis ces meurtres.

Les violences dans le Kasaï, qui impliquent des miliciens, des soldats et des policiers, mettent à mal un pouvoir central fragilisé par une crise politique liée au maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà du terme de son mandat, échu le 19 décembre 2016.