L’aristocrate britannique, Rhodri Philipps, à Londres, le 10 juillet 2017. | NEIL HALL / REUTERS

Mettre en doute le bien-fondé du Brexit n’est pas une tâche de tout repos au Royaume-Uni. La femme d’affaires Gina Miller, née au Guyana, l’a expérimenté à ses dépens lorsqu’elle a engagé la procédure judiciaire destinée à réclamer un vote du Parlement britannique avant le lancement officiel de la procédure de divorce avec l’Union européenne : l’initiative a été couronnée de succès en novembre 2016, mais lui a valu des menaces de mort.

La pasionaria anti-Brexit a reçu un nombre considérable d’injures et des lettres anonymes menaçantes faisant référence tant à sa peau foncée qu’à ses opinions proeuropéennes. Jeudi 13 juillet, Rhodri Philipps, un aristocrate de 50 ans se faisant appeler tantôt « vicomte de Saint Davids » tantôt « Lord Strange of Knockin », a été condamné à trois mois de prison ferme par un tribunal londonien.

« Une blague », selon l’accusé

Quatre jours après que Gina Miller avait gagné en justice, il avait écrit sur Facebook : « J’offre 5 000 livres à la première personne qui écrasera accidentellement cette maudite et pénible migrante de la première génération. » La suite du message fulminait contre cette « putain » d’immigrée qui « vient dans ce pays puis croit qu’elle sait mieux que les gens de ce pays ce qui est mieux pour eux ». Avant d’appeler à renvoyer « les immigrés dans leur jungle puante ». Sur sa lancée, le vicomte domicilié à Knightsbridge, dans le centre de Londres, demandait qu’on « réduise en pièces » un père de famille d’origine africaine dont le Daily Mail prétendait qu’il vivait aux crochets de l’Etat.

Devant le tribunal de Londres, Rhodri Philipps a prétendu que le message visant Gina Miller était « une blague » et « une partie d’une conversation avec ses amis sur Facebook (…) écrite comme une satire ». La justice avait bizarrement refusé de le poursuivre sur la base des textes visant le racisme, se contentant de réprimer une « communication menaçante ».

La juge, Emma Arbuthnot, a néanmoins estimé que le vicomte « a clairement manifesté son hostilité à l’égard de Mme Miller à cause de son origine raciale ou ethnique » et qu’il haïssait manifestement « quiconque est arrivé récemment » au Royaume-Uni. Gina Miller, quant à elle, a confié qu’elle avait dépensé 60 000 livres (68 000 euros) pour appointer pendant des mois des gardes du corps.