Une foule se presse pour la clôture de l’édition 2017 des ferias de San Fermin. REUTERS/Susana Vera | SUSANA VERA / REUTERS

C’est l’envers des images de milliers de personnes vêtues de blanc, foulard rouge autour du cou, partageant les « botas ». Quatorze plaintes pour attouchements et agressions sexuelles ont été déposées pendant les fêtes de San Fermin, dans le nord de l’Espagne, selon le communiqué publié samedi 15 juillet par la mairie de Pampelune. Onze hommes ont été arrêtés en lien avec ces plaintes.

La ville avait pourtant de nouveau mis en place cette année une campagne pour tenter de prévenir les agressions sexuelles, alors que 1,45 million de visiteurs se sont pressés aux huit jours de festivités. En 2016, seize plaintes avaient été déposées, dont cinq pour viol. La mairie avait alors estimé que seules 10 % des victimes allaient déposer plainte au commissariat.

« Des fêtes libres d’agressions sexuelles »

C’est depuis 2008 que la municipalité de Pamplune tente de changer les mentalités et briser le silence qui entourait ces agressions. Cette année-là, le viol suivi du meurtre d’une jeune Pampelonnaise de 20 ans, Nagore Lafagge, met la ville en deuil. Et les institutions réfléchissent à la manière de sensibiliser la population sans stigmatiser les fêtes.

Ont suivi des épisodes honteux, des débordements inacceptables, plus ou moins médiatisés. Du brusque baiser volé, en 2010, à une journaliste de la télévision publique qui couvrait le chupinazo, aux agressions en groupe. L’utilisation des images de femmes, portées sur les épaules de leur compagnon, seins nus, et pelotées par des dizaines de mains d’hommes, pour illustrer la fête dans de nombreux médias, a poussé la mairie à prendre des mesures et lancer une campagne « pour des fêtes libres d’agressions sexuelles. »

Pour prévenir les agressions, des caméras haute définition ont été placées dans les rues de la ville, un groupe policier est spécialement dédié à la lutte contre les agressions, une carte des endroits potentiellement dangereux a été dressée et un point d’information a été installé dans la ville.

La mairie a aussi publié un décalogue qui commence par rappeler « que les fêtes sont faites pour que tous en profitent : hommes et femmes ». Sans doute parce que longtemps, les Sanfermines ont été des fêtes réservées aux hommes, une concentration de testostérone dopée à l’adrénaline par les lâchers de taureaux, qui font régulièrement des blessés graves, et parfois des morts. Pour cette édition 2017, 64 coureurs ont été blessés.