Des manifestants soutiennent la consultation de l’opposition organisée dimanche 16 juillet à Caracas. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Le « scrutin » a beau n’avoir qu’une valeur symbolique, il mobilise. Des centaines de milliers de Vénézuéliens votaient, dimanche 16 juillet, lors d’une consultation populaire organisée par l’opposition sur le projet de Constituante du président Nicolas Maduro, après plus de trois mois de manifestations violentes.

Les électeurs, beaucoup vêtus de blanc ou avec aux couleurs du drapeau jaune, bleu, rouge du Venezuela, sont venus nombreux glisser leur bulletin dès l’ouverture, dans des boîtes en carton installées dans des bureaux de vote par la coalition d’opposition appelée Table de l’unité démocratique (MUD). Le vote se déroule pour l’heure sans heurts.

« Cela va marquer un avant et un après »

Présenté comme un acte de « désobéissance civile », ce vote se déroule sans l’aval des autorités. Il a pour but de manifester le rejet par la population de la future Assemblée constituante, selon la coalition des antichavistes – du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013 –, réunis au sein de la MUD.

D’après les projections de l’institut de sondages Datanalisis, quelque 10,5 millions de personnes, sur 19 millions d’électeurs, seraient prêts à voter lors de la consultation qui a reçu le soutien de l’Eglise catholique, des Nations unies, de plusieurs pays d’Amérique latine et d’Europe ainsi que des Etats-Unis.

« Cela va marquer un avant et un après. Aujourd’hui comme jamais nous allons montrer au monde entier et à ceux qui ont le pouvoir que le peuple vénézuélien est maître de son destin », a déclaré Julio Borges, le président du Parlement et membre de l’opposition), au cours d’une conférence de presse. Ce « show international (...) faites-le, mais en paix », a déclaré le M. Maduro, qui jouit du soutien de l’armée, acteur incontournable du jeu politique.

Crise économique

Selon l’institut Daranalisis, près de 70 % des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante et 80 % dénoncent la gestion par M. Maduro d’un pays en partie paralysé et traumatisé par des manifestations au cours desquelles 95 personnes ont été tuées depuis le 1er avril. Cette crise politique survient par ailleurs sur fond de chute depuis 2014 des cours du pétrole qui frappe de plein fouet l’économie, dont 95 % des devises proviennent de l’exportation de l’or noir.

La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
Durée : 03:58

La Constituante voulue par M. Maduro, et dont les 545 membres seront élus le 30 juillet, aura pour mission de modifier la Constitution en vigueur pour assurer, selon lui, la « paix et la stabilité économique » du Venezuela. Le projet est fermement rejeté par les antichavistes qui y voient un moyen pour le gouvernement de rester au pouvoir, en contournant l’Assemblée nationale où l’opposition est majoritaire depuis 2016.

Le « chemin vers la fin » de Maduro

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait exprimé vendredi son inquiétude. « Il y a un besoin urgent d’un dialogue national au Venezuela entre le gouvernement et l’opposition ». Au même moment, le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) avait publié des chiffres de demandes d’asile déposées par des Vénézuéliens : 52 000 demandes depuis janvier, soit plus du double de celles recensées l’an dernier.

Samedi, cinq anciens présidents latino-américains sont arrivés à Caracas pour assister à la consultation de l’opposition en tant qu’« observateurs internationaux ». A son arrivée, le Mexicain Vicente Fox a jugé que la consultation de l’opposition marquait le début « du chemin vers la fin » du gouvernement Maduro, qui « doit comprendre que personne n’en veut et qu’il ne peut pas continuer à détruire l’économie » du Venezuela.