Lors d’une inondation à Manille, le 30 juin. | AARON FAVILA/AP

Le changement climatique aura des « effets désastreux » et « sans précédent » dans la région Asie-Pacifique si rien n’est fait pour enrayer le phénomène. Dans une étude effectuée en coopération avec l’Institut de recherches de Potsdam sur l’impact du climat, publiée vendredi 14 juillet, la Banque asiatique de développement (BAD) met en garde contre le risque d’un désastre annoncé et appelle à une mise en application au plus tôt des dispositions de l’accord de Paris. Le Japon et les Etats-Unis sont les premiers actionnaires de la BAD, dont le siège est à Manille, aux Philippines.

Dans la zone Asie-Pacifique – qui rassemble les deux tiers de la population mondiale –, le réchauffement entraînera des typhons plus violents, des précipitations plus fréquentes et plus abondantes, ainsi qu’une élévation du niveau de la mer. Autant de facteurs qui auront des effets négatifs sur la croissance, la sécurité alimentaire et la biodiversité de cette partie du monde, s’inquiète les auteurs de l’étude.

Les évolutions du climat affectent les écosystèmes et pourraient se traduire, entre autres, par une diminution de 10 % de la production céréalière. L’augmentation des précipitations aggrave les inondations. Elles ont doublé en Asie du Sud au cours des trois dernières décennies. Si elles continuent à augmenter, près des deux tiers du territoire du Bangladesh pourraient être inondés à la fin du siècle (contre un quart actuellement).

Un drame humanitaire

« Les pays de la région risquent de sombrer dans une plus profonde pauvreté si des mesures ne sont pas mises en œuvre rapidement », fait valoir Bambang Susantono, vice-président de la BAD. L’accord de Paris, entré en vigueur en novembre 2016, a pour objectif de contenir l’augmentation de la température en dessous de deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels, mais si le rythme actuel se poursuit, le thermomètre pourrait grimper de 4 °C à la fin du siècle en Asie-Pacifique, voire de 6 °C dans certaines régions. « Un tel réchauffement pourrait conduite à un drame humanitaire dans plusieurs pays », estime la BAD.

Le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et le nord-ouest de la Chine pourraient connaître des augmentations de température allant jusqu’à 8 °C, poursuivent les auteurs du rapport, entraînant des migrations de ces régions vers d’autres moins affectées. « Un scénario qui compromet tout espoir de développement durable dans une région où 9 des 15 pays qui en font partie figurent parmi les plus vulnérables aux désastres naturels », comme en a témoigné le supercyclone tropical Haiyan en novembre 2013 aux Philippines.

La BAD a annoncé un financement de 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) d’ici 2020 destinés à la promotion des énergies renouvelable dans la région.