A Paris, le 13 juillet. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Sur le boulevard Saint-Germain, à Stalingrad ou encore place Denfert-Rochereau, il ne se passe pas un quart d’heure ou presque sans entendre une voiture de police fonçant toutes sirènes hurlantes dans la circulation parisienne. Police, ambulance ou pompiers, le bruit des « deux tons » – dans le jargon administratif – est envahissant, assourdissant et stressant.

A tel point que même le préfet de police, Michel Delpuech, s’est fendu, le 15 mai, d’une circulaire rappelant les « règles d’usages des avertisseurs sonores “deux tons” », à peine un mois après sa nomination, le 19 avril. Peu convaincu par les effets de sa circulaire, M. Delpuech a dû réitérer sa demande. « Mon attention vient de nouveau d’être appelée sur l’usage fréquent des avertisseurs “deux tons” dont sont équipés les véhicules administratifs », écrit-il le 19 juin. « Dans les faits, les riverains se plaignent des nuisances provoquées et du climat anxiogène entretenu par le recours très étendu à ces dispositifs », explique-t-il.

« La sirène est un message d’alerte, elle met la personne en état de stress, de vigilance, note Eric Ghozlan, psychanalyste, spécialiste des psychotraumatismes. Le décor sonore a changé depuis les attentats [de janvier et de novembre 2015] : le passage des voitures de police, toutes sirènes hurlantes, à grande vitesse, fait replonger dans un état traumatique. »

« Justifiés par l’urgence »

« Je n’ignore pas les contraintes quotidiennes des policiers ainsi que les spécificités de leurs missions. Mais l’usage de ces équipements, pour être crédible, doit être justifié », insiste M. Delpuech. Et de rappeler l’article R 432-1 du code de la route qui définit l’usage pour les véhicules prioritaires des « avertisseurs spéciaux dans les cas justifiés par l’urgence de leur mission et sous réserve de ne pas mettre en danger les autres usagers de la route ».

Le préfet de police demande aux directeurs des différents services de police de rappeler « aux personnels concernés que les simples missions techniques, les liaisons et les relèves ne sauraient ouvrir le recours à ces moyens spéciaux ». Et de vouloir assurer « un contrôle efficace des usages abusifs ».

Mais y a-t-il réellement des abus ? Non, répond Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat de policiers Alliance. « Les policiers ne sont pas des enfants et ils utilisent le deux tons” pour se rendre sur des situations où, parfois, des vies sont en jeu. Faire des notes ne fait qu’agacer les policiers sur le terrain, quand ils sont déjà sous pression, à cause du terrorisme, du banditisme, des tâches indues, des restrictions de personnels et du manque de matériel. Et cela les énerve de voir que la hiérarchie les soupçonne toujours », affirme le syndicaliste.