Emmanuel Macron, président de la République, participe au traditionnel défilé militaire sur les Champs-Elysées à l'occasion de la fête nationale, à Paris, vendredi 14 juillet 2017 - 2017©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH POLITICS POUR LE MONDE

Emmanuel Macron est arrivé jeudi 20 juillet sur la base aérienne d’Istres, l’un des maillons de la dissuasion nucléaire, pour une adresse aux militaires très attendue, 24 heures après la démission fracassante du chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers.

Le chef de l’Etat et des armées y sera notamment accompagné du général François Lecointre, le nouveau CEMA, jusqu’à présent chef du cabinet militaire du premier ministre.

Après une présentation des Rafale, Mirage, AWACS et autres avions de ravitaillement qui participent à la composante aérienne de la force de dissuasion, une visite d’infrastructures sensibles et un déjeuner avec les équipages « d’alerte », Emmanuel Macron s’adressera au personnel de la base, en début d’après-midi.

Son entourage explique :

« (Il) réitérera son soutien aux armées, rappellera qu’il a beaucoup d’ambitions pour elles dans un contexte international difficile tout comme ses engagements de campagne sur l’augmentation du budget de la défense. »

A l’issue de son allocution, Emmanuel Macron embarquera à bord d’un Boeing C135 qui ravitaillera des avions de combat en vol et le conduira jusqu’à Paris.

Crise ouverte

Le chef de l’État s’est engagé à porter à 2 % du PIB l’effort de défense d’ici à 2025 mais 850 millions d’euros d’économies ont été brutalement réclamés aux armées cette année, dans un contexte de restrictions budgétaires générales.

« Cet effort obère-t-il la capacité des forces armées à mener l’opération Sentinelle sur le territoire national ? Absolument pas, il n’y aura pas un soldat en moins d’ici au 31 décembre 2017 », assure cependant son entourage. « Rien ne changera non plus pour les opérations extérieures », poursuit-on de même source, évoquant un impact « sur les crédits d’équipement à long terme ».

En désaccord avec le chef de l’Etat sur les coupes budgétaires imposées à la défense, le général de Villiers a démissionné mercredi, un geste sans précédent sous la Ve République, qui a marqué la première crise ouverte du quinquennat :

« Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français. »

Personnalité intègre et rugueuse, Pierre de Villiers s’était, avant sa démission, exprimé à huis clos à l’Assemblée nationale, assurant qu’il n’allait pas se « laisser baiser » et que la situation n’était « pas tenable ».

« Je suis votre chef »

Le président de la République avait sèchement recadré le général à la veille du défilé militaire du 14-Juillet devant des soldats interloqués, martelant « je suis votre chef » et lui reprochant d’avoir mis de façon « indigne » une polémique budgétaire « sur la place publique ».

La visite de M. Macron à Istres est la seconde consacrée à la dissuasion depuis son élection. La première l’avait conduit début juillet à bord de l’un des quatre sous-marins de la composante océanique de la force de dissuasion, Le Terrible. Hélitreuillé, il avait effectué une plongée de quelques heures au large des côtes françaises.