Jaroslaw Kaczynski, le président du PiS et homme fort du pays, a estimé que l’avertissement de la Commission européenne, prête à enclencher une nouvelle procédure qui pourrait mettre la Pologne au ban de l’UE, était « un acte de nature politique ». « Les sujets dont nous discutons en ce moment relèvent exclusivement de la compétence de notre pays. Donc, ce que nous avons ici est un abus » de pouvoir, a-t-il déclaré, mercredi 19 juillet, à la télévision polonaise.

Depuis que la Commission européenne a enclenché la procédure de « sauvegarde de l’Etat de droit » à l’encontre de la Pologne, en janvier 2016, le gouvernement ultraconservateur a souligné à de nombreuses reprises que cette procédure constituait une « ingérence politique » dans les affaires intérieures du pays, accusant l’exécutif européen d’être à la solde de l’opposition.

Le ministre des affaires européennes, Konrad Szymanski, s’est montré plus prudent : « L’intention du ministre de la justice et de la majorité n’est pas de remettre en cause l’indépendance des tribunaux. Si la Commission européenne présente des recommandations au sujet de la réforme de la justice, le gouvernement y répondra précisément (…). Si d’autres procédures sont mises en œuvre, nous allons défendre notre bon droit devant la Cour de justice de l’Union européenne. »

« La Commission devient partisane »

Le chef de la délégation du PiS (Droit et justice) au Parlement européen, Ryszard Legutko, a été moins diplomate : « La Commission devient partisane dans un conflit interne à la Pologne. (…) Les Commissaires ne peuvent pas être au service de l’opposition. » Selon lui, l’exécutif européen « n’est pas au courant de l’état des choses en Pologne (…), ne connaît pas ces projets de loi, n’en a aucune analyse juridique, et s’appuie sur des communiqués de presse et le lobbying de l’opposition ». Pour M. Legutko, la commission est « partiale, malhonnête et hâtive dans l’émission de ses jugements ».

Pour le chef du principal parti d’opposition, Grzegorz Schetyna (Plate-forme civique, centre droit), l’annonce de Frans Timmermans est « un signal de plus, sans doute le dernier ». « Si la politique du gouvernement polonais ne change pas, s’il n’y a pas d’ouverture, s’il n’y a pas de confirmation que nous voulons être dans l’UE, cette politique vis-à-vis de l’indépendance de la justice se finira par un processus de sortie de la Pologne de l’UE », a-t-il averti.

La Diète, Chambre basse du Parlement polonais, a renvoyé mercredi le projet de loi controversé sur la Cour suprême en commission parlementaire de la justice et des droits de l’homme. La majorité conservatrice tient absolument à adopter ce texte avant la pause estivale, lors de la dernière session parlementaire, qui devait s’achever jeudi 20 juillet.