Presque un an après la mort de Zhang Chaolin, un couturier chinois victime d’un vol violent à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en août 2016, ses trois agresseurs présumés ont été renvoyés en procès à Bobigny, a appris jeudi 20 juillet l’AFP de source proche du dossier. Un renvoi susceptible d’appel.

Ils ont tous les trois été renvoyés pour les faits criminels de « vol avec violences ayant entraîné la mort ». Deux d’entre eux sont renvoyés devant la cour d’assises des mineurs, et le troisième, âgé de 15 ans au moment des faits, devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.

Dans son ordonnance de renvoi, la juge d’instruction a par ailleurs retenu la circonstance aggravante d’une agression commise en raison de « l’appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une nation », selon la même source proche du dossier.

Un chargeur de portable et des bonbons

Les trois hommes avaient expliqué aux enquêteurs s’en être pris à M. Zhang et un ami qui l’accompagnait, en préjugeant que leurs victimes étaient « susceptibles de détenir de l’argent » en espèces, du fait de leur appartenance à la communauté chinoise.

Zhang Chaolin, immigré chinois de 49 ans travaillant comme ouvrier textile, avait été agressé le 7 août 2016 alors qu’il marchait en compagnie d’un ami, également d’origine chinoise. Ils avaient été frappés par trois personnes qui s’étaient emparées de la sacoche de ce dernier, qui ne contenait en fait qu’un chargeur de portable et quelques bonbons. M. Zhang avait lourdement chuté sur la tête après avoir reçu un coup de pied au torse. Il était décédé après cinq jours de coma.

L’enquête a établi que les deux mineurs et le jeune majeur avaient participé « activement » à l’agression, écrit la juge dans son ordonnance, selon la source proche du dossier. Ils avaient reconnu leur implication face aux enquêteurs, tout en minorant leurs rôles respectifs.

Crime crapuleux et raciste

« C’est un crime crapuleux sous-tendu par un préjugé raciste selon lequel Chinois = cash dans la poche », a dit à l’AFP Vincent Fillola, avocat de la victime blessée et des proches des deux hommes, qualifiant de « première victoire judiciaire » le fait que la juge d’instruction ait retenu la dimension « raciste » de l’agression.

« C’est très important que cette circonstance soit reconnue parce qu’elle est réelle et pour que ça cesse », a ajouté Rachel Lindon, avocate de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), partie civile.

La mort de M. Zhang avait provoqué des manifestations à Aubervilliers, où travaillent plus de 10 000 personnes originaires de Chine autour de la première plateforme d’import-export textile d’Europe, ainsi qu’à Paris.