Le président turc Erdogan. | ADEM ALTAN / AFP

Malgré les vives critiques internationales, les autorités turques ne desserrent pas l’étau. Deux militantes des droits de l’homme qui avaient été remises en liberté cette semaine après une première arrestation ont été à nouveau interpellées, a annoncé l’ONG Amnesty International, samedi 22 juillet, dénonçant une mesure « cruelle et rétrograde ».

Les deux militantes, Nalan Erkem, de l’ONG Assemblée des citoyens, et Ilknur Üstün, de la coalition des Femmes, ont été interpellées chez elles, la première à Istanbul, la seconde à Ankara, a précisé Amnesty dans un communiqué.

Elles avaient été interpellées une première fois début juillet avec huit autres militants des droits de l’homme, dont la directrice d’Amnesty pour la Turquie, lors d’un coup de filet qui a suscité l’indignation de plusieurs pays européens.

Mardi, un tribunal d’Istanbul avait décidé de placer six des dix militants en détention, les accusant d’avoir « commis un crime au nom d’une organisation terroriste », expression désignant le plus souvent en Turquie les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016, et les séparatistes kurdes du PKK.

L’Allemagne hausse le ton

Les quatre autres militants, dont faisaient partie Mmes Erkem et Üstün, avaient été remis en liberté sous contrôle judiciaire le même jour. Jusqu’à ce qu’un nouveau mandat d’arrêt soit émis contre les quatre militants vendredi, après un appel du parquet. Les deux militantes citées précédemment ont été arrêtées, mais le sort des deux autres n’était pas connu dans l’immédiat.

« Avec cette initiative cruelle et rétrograde, la Turquie renforce sa réputation croissante de geôlier aveugle », a dénoncé John Dalhuisen, directeur d’Amnesty pour l’Europe, cité dans le communiqué, estimant que de « nouveaux sommets dans l’absurdité » avaient été atteints.

Le placement en détention mardi des six militants des droits de l’homme avait suscité une indignation internationale et renforcé les craintes liées aux atteintes aux libertés en Turquie depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, suivie de purges massives.

L’Allemagne, dont un ressortissant fait partie des personnes écrouées, a haussé le ton contre la Turquie cette semaine, annonçant une « réorientation » de sa politique vis-à-vis d’Ankara avec des mesures qui risquent de pénaliser économiquement son partenaire historique.

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