LES CHOIX DE LA MATINALE

Pour les enfants, une vidéo pour apprendre à réaliser soi-même un dessin animé en stop motion. Pour les mélomanes, un film sur la tournée américaine de Depeche Mode en 1988. Pour les femmes comme les hommes, un documentaire sur l’avortement, à travers cinq témoignages. Voici notre sélection de replays.

La leçon d’animation de « Super fastoche »

Le professeur Godin et son assistant M. Michel. | LUDO

Derrière leur bureau, deux marionnettes, le professeur Godin (crâne chauve, tête longue comme un traversin, petites lunettes rondes) et son assistant, M. Michel (grandes oreilles, nez pointu), s’apprêtent à nous faire la leçon. Plus précisément, à nous expliquer, avec bonhomie et humour, comment réaliser un dessin animé en stop motion.

Cela commence par l’énoncé des outils et des accessoires nécessaires : un décor, des figurines en terre cuite ou en pastique, un appareil photo. Puis des conseils : choisir un cadre et soigner la lumière. Enfin commence la démonstration – astuces à l’appui pour bien réussir son animation, voire ses effets spéciaux. « Le plus important est d’être patient et minutieux », précise le professeur. A partir de là, tout paraît simple et accessible. Le résultat ne déçoit pas.

Les enfants ne peuvent qu’être séduits par cet exercice à portée tous, qui les éclaire en outre sur la fabrication d’une animation image par image. La leçon d’après : comment assembler les images dans l’ordinateur et ajouter du son. Magique. Véronique Cauhapé

« Super fastoche », programme court d’animation de 3 x 8 minutes. Sur Ludo.fr

1988, sur la route avec Depeche Mode

DEPECHE MODE - 101 SCENES + ALAN WILDER INTERVIEW [1988] Yko

Documentariste américain de renom, Donn Alan Pennebaker s’est fait une spécialité, dans les années 1960-1970, de suivre des artistes lors de leur tournée et de restituer pour le cinéma le meilleur de ces mois passés sur les routes. Chroniqueur d’une époque où la musique symbolisait plus que jamais les changements sociaux, D. A. Pennebaker a ainsi suivi la tournée anglaise, en 1965, de Bob Dylan (Dont’Look Back) et le concert mythique de David Bowie à l’Hammersmith Odeon de Londres, en 1973, après la sortie de l’album Ziggy Stardust (Ziggy Stardust and the Spiders from Mars).

En 1988, c’est au tour des Anglais de Depeche Mode de faire appel au réalisateur pour immortaliser la tournée « Music for the Masses » qui marque la consécration du groupe aux Etats-Unis et qui s’achève le 18 juin 1988 au Rose Bowl de Pasadena (Californie) devant 80 000 personnes.

Le film raconte deux histoires parallèles. La première est celle, classique, d’un groupe sur les routes – Dave Gahan, Martin Gore, Andrew Fletcher, Alan Wilder – et de leur équipe de management qui organise les concerts. La deuxième, plus originale, consiste à suivre huit fans tirés au sort par la production pour accompagner leurs idoles à travers les Etats-Unis. Un « film dans le film », en somme, qui permet de sortir le documentaire du simple objet promotionnel en lui donnant une dimension plus générationnelle. Guillaume Fraissard

« 101 : Depeche Mode », de Donn Alan Pennebaker, David Dawkins et Chris Hegedus (Etats-Unis, 1989, 125 minutes). Sur Arte.tv

Avortement : le cœur et la raison

Un temps de réflexion,

C’est un documentaire que devraient regarder ceux qui pensent que, depuis la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), l’avortement est devenu une chose anodine pour les femmes qui y ont recours. On les a encore entendus à l’occasion de la mort de Simone Veil (1927-2017). Le titre du film de Juliette Touin, Un temps de réflexion, vaut autant pour eux que pour les femmes – auxquelles la loi n’impose plus ce délai de réflexion. Ce qui n’empêche ni les pressions ni les hésitations.

Les femmes qui témoignent sont toutes préoccupées, voire angoissées, par le geste qu’elles vont faire. L’une ne se sent pas assez mature, l’autre, 17 ans, ne saurait pas s’occuper d’un enfant. Et la plus émouvante est cette jeune femme qui vient avec son compagnon. Ils ont pris la décision ensemble. La jeune fille pleure. Elle « aime déjà beaucoup ce bébé ». Mais elle ne pourrait pas l’élever. « Le fait de savoir que je ne vais pas le tenir dans mes bras me fait mal. Mais je sais aussi qu’il n’aurait pas été heureux comme je l’aurais voulu. »

Et puis il y a la mère du petit Oscar, 15 mois. Elle est une nouvelle fois enceinte. Trop tôt. « On a une vie de famille heureuse. C’est pour ça que c’est un crève-cœur. Et ç’aurait pu être une fille. Non, il ne faut pas y penser. » A travers les témoignages de cinq femmes, Juliette Touin montre que l’avortement n’est pas un geste qui se décide sans souffrance. Josyane Savigneau

« Un temps de réflexion », de Juliette Touin (France, 2016, 55 minutes). Sur Pluzz