Les manifestants ont marqué leur opposition, dimanche 23 juillet, aux dernières mesures législatives destinées à renforcer le contrôle d’Internet par les autorités. | Ivan Sekretarev / AP

Environ un millier de Russes ont défilé, dimanche 23 juillet, dans les rues de Moscou lors d’une manifestation, autorisée par les autorités, contre le renforcement de la surveillance et des restrictions sur Internet. Aux cris de « Non à la censure, non à la dictature », ou encore « A bas l’Etat policier », les manifestants ont marqué leur opposition aux dernières mesures législatives destinées à renforcer le contrôle d’Internet par les autorités.

Certains ont détourné un slogan de l’opposition, « La Russie sans Poutine », ajoutant « et sans censure » à ce mot d’ordre très populaire lors des manifestations contre le Kremlin. La police a estimé le nombre des manifestants à 800. Selon un journaliste de l’Agence France-Presse présent sur place, ils étaient entre 1 000 et 1 500 à avoir répondu à l’appel du parti Parnas, dirigé par l’ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov, qui a organisé cette manifestation.

Trois manifestants ont été arrêtés, dont un pour avoir tendu des tracts en faveur de l’opposant Alexeï Navalny, a indiqué l’ONG russe OVD-Info spécialisée dans le suivi des arrestations.

Tour de vis

Pour Pavel Rassoudov, ancien dirigeant du groupe Parti pirate, les autorités cherchent à contrôler et surveiller Internet depuis 2011, lorsque la campagne présidentielle de Vladimir Poutine a été émaillée de manifestations de grande ampleur. « Les autorités ont alors compris qu’Internet était un outil de mobilisation, que cela amenait les gens à sortir dans les rues », a expliqué M. Rassoudov.

Le Net russe, très utilisé par l’opposition, connaît ces dernières années un tour de vis des autorités et la tendance se renforce actuellement, sur fond de lutte antiterroriste. Vendredi, le Parlement russe a ainsi approuvé une loi interdisant l’utilisation en Russie des « anonymizers », services Web qui permettent d’accéder de manière anonyme à des sites bloqués dans le pays.

Il a également voté une loi obligeant les utilisateurs à s’identifier par un numéro de téléphone pour utiliser les messageries sur Internet. Fin juin, Roskomnadzor, l’autorité de surveillance des médias, avait aussi menacé de bloquer Telegram, une messagerie très populaire en Russie pour son niveau élevé de cryptage. Et depuis le 1er janvier, les entreprises Web russes et étrangères sont forcées de stocker les données de leurs utilisateurs en Russie et de les transmettre aux autorités si elles en font la demande.