L’audition de Mariano Rajoy est retransmise en direct à la télévision publique espagnole. | CHEMA MOYA / AFP

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a commencé, mercredi 26 juillet, à témoigner dans un procès pour des faits de corruption touchant son parti, entre 1999 et 2005, une première en Espagne. Il a juré, peu après 10 heures, de dire « toute la vérité » lors de l’audition retransmise en direct à la télévision publique.

Auparavant, M. Rajoy était arrivé en voiture au tribunal situé dans la banlieue de Madrid, échappant aux insultes de plusieurs dizaines de manifestants qui s’étaient massés devant le bâtiment en scandant « Rajoy à Soto del Real ! », la prison où sont écroués la plupart des hommes politiques mis en cause pour corruption.

Le chef du gouvernement espagnol, portant un costume et une cravate sombre, a immédiatement commencé à répondre aux questions de l’avocat de la partie civile, une association d’avocats proche du Parti socialiste. Il a été interrogé sur ses responsabilités dans le Parti populaire (PP, conservateur), qu’il préside depuis 2004 et au sein duquel il a gravi tous les échelons depuis plus de quarante ans, occupant des fonctions de direction depuis 1986.

Un dossier qui hante le chef du gouvernement

M. Rajoy intervient en tant que simple témoin dans l’« affaire Gürtel », des pots-de-vin versés à des élus et des responsables du PP en échange de juteux contrats publics. Ce dossier hante le chef du gouvernement depuis des années, même s’il n’est pas personnellement mis en cause.

Cette affaire, dont les faits remontent aux années 1999 à 2005, compte 37 prévenus et se juge depuis octobre. Parmi les principaux protagonistes : Francisco Correa, un entrepreneur et Luis Barcenas, ancien intendant et trésorier du Parti populaire, un temps proche de Mariano Rajoy. Les entrepreneurs, notamment du BTP, décrochaient des contrats, en échange de « commissions » qui enrichissaient les élus ou directement le parti, en vue de ses campagnes.

Mercredi, MJose Mariano Benitez de Lugo, avocat de la partie civile, a vite débordé le cadre de l’affaire Gürtel, interrogeant le premier ministre sur d’autres dossiers embarrassants pour le PP. M. Rajoy a assuré pendant l’audition ne s’être « jamais occupé de questions de comptabilité » ni « des questions économiques du parti ».

Il a aussi assuré ne pas être au courant des activités de l’entrepreneur Francisco Correa, « un fournisseur ». « Je ne le connaissais pas, j’ai dû le croiser lors d’événements publics, mais je n’ai eu aucune relation avec lui », a-t-il insisté en martelant qu’il ne traitait que de questions « politiques ».

La corruption galopante en Espagne depuis plus de trente ans touche aussi d’autres formations et même des syndicats ou le monde du sport. Depuis une vingtaine d’années, elle a particulièrement concerné le PP en raison de sa large implantation territoriale. Mise en regard de la politique d’austérité, elle a fini par lui faire perdre sa majorité absolue à la fin de 2015 au profit de deux nouveaux partis : Ciudadanos, de centre-droite, et Podemos (gauche radicale).