Une information judiciaire a été ouverte contre le défenseur des migrants Cédric Herrou pour « aide à l’entrée et à la circulation d’étrangers en situation irrégulière », a fait savoir mercredi 26 juillet le parquet de Grasse.

L’agriculteur militant a été interpellé lundi soir en gare de Cannes (Alpes-Maritimes) avec plus de 150 migrants arrivés chez lui depuis l’Italie et qu’il accompagnait pour demander l’asile.

Ce sont de nouvelles poursuites qui ont été engagées contre cette figure emblématique de l’association de défense des migrants Roya citoyenne, qui demande depuis des mois aux pouvoirs publics un accueil d’urgence pour les milliers de personnes originaires de régions instables d’Afrique arrivant de Vintimille (Italie).

Lundi, en deux trains distincts, plus de 230 migrants avaient gagné la vallée frontalière de la Roya avant de rejoindre Nice, accompagnés par des membres de l’association Roya citoyenne. Tous ceux interpellés à Cannes, 156 au total, ont été renvoyés en Italie.

Sixième garde à vue

Déjà poursuivi par le parquet de Nice, Cédric Herrou, dont le député européen EELV José Bové avait demandé mardi la libération, a été condamné en première instance à 3 000 euros d’amende avec sursis. La cour d’appel d’Aix-en-Provence pourrait avoir la main plus lourde le 8 août.

M. Herrou en est à sa sixième garde à vue depuis 2016. Il a dû expliquer cette fois pourquoi il avait amené ces migrants demandeurs d’asile d’abord à Nice, puis à Cannes. Son domicile de Breil-sur-Roya, près duquel les gendarmes tiennent un barrage filtrant, a été perquisitionné.

« Il a répondu que la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile de Nice avait elle-même conseillé, si les demandeurs ne voulaient pas rester dans les Alpes-Maritimes, de déposer leur demande à Marseille », a précisé son avocat Me Zia Oloumi. Un « protocole » avait été mis « de facto » en place avec la préfecture pour accompagner « en toute transparence » ces demandeurs d’asile, a-t-il rappelé.

« Cédric Herrou et tous les gens de la vallée de la Roya ne vont pas chercher des réfugiés, déclarait mardi sur France Inter José Bové. Les gens traversent et arrivent chez Cédric parce que c’est le seul point d’accueil possible où ils sont en sécurité. On n’est pas du tout dans une situation de passeurs de clandestins, tout ça se fait au grand jour. »