LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, découvrez les histoires d’amour d’Ernest Hemingway, à travers ses quatre ex-femmes, faites-vous la belle avec Walker le fugitif imaginé par Antoine Bello et laissez-vous embarquer dans les « 17 vies brèves de personnes plus ou moins célèbres, nées ou mortes en 17 » choisies par Bernard Chambaz.

ROMAN BIOGRAPHIQUE. « Mrs Hemingway », de Naomi Wood

LA TABLE RONDE

Voici le roman d’une « confédération ». Celle des ex-femmes d’Ernest Hemingway, qui se maria quatre fois. Comme un gâteau, le livre de la Britannique Naomi Wood est divisé en quatre quarts. Chacun associé à une épouse, un lieu, une époque. Hadley Richardson, Pauline Pfeiffer, Martha Gellhorn, Mary Welsh… Des femmes aux profils psychologiques très différents mais qui, toutes, s’accordent sur un point : « Hemingway était tellement doué dans le rôle de l’amoureux transi qu’il était nul dans celui de mari. »

Chacune finira par comprendre que le mariage selon Ernest passait toujours par les mêmes étapes : le rapt, la possession, la lassitude, l’abandon. Pourtant, chacune l’aura aimé. Avec l’ardent désir de lui plaire et la conviction de le comprendre mieux que les autres. Avec beaucoup de sensibilité, Naomi Wood explore « ce que cela faisait d’être la femme d’Hemingway ». De vivre dans son rayonnement autant que dans son ombre. Florence Noiville

La Table ronde, « Quai Voltaire », 288 p., 21 €.

ROMAN. « L’Homme qui s’envola », d’Antoine Bello

GALLIMARD

Chez Antoine Bello, les êtres et les choses ont tendance à se volatiliser. Et ses personnages à traquer les absents. Dans L’Homme qui s’envola aussi, il est à nouveau question d’un individu qui se fait la belle. Mais l’histoire est racontée d’abord du point de vue du fugitif, Walker, qui dirige une florissante entreprise de transports au Nouveau-Mexique. Riche, en bonne santé, il aime sa femme et leurs trois enfants. Mais il ne peut plus supporter son existence, et commence à caresser le rêve de se faire la belle.

Il finit par accomplir son plan, en se faisant passer pour mort. Il a presque tout prévu, mais pas que la compagnie d’assurances de son entreprise chargerait un fin limier de vérifier la réalité de son décès. Le voilà traqué par le détective Shepherd. Quand il en prend conscience, Walker se met à son tour dans les pas de son chasseur. Ce double mouvement de traque, raconté par chacun et par la femme de Walker, donne son énergie formidable à L’Homme qui s’envola, réflexion futée sur la liberté et ce que l’on doit aux siens. Raphaëlle Leyris

Gallimard, 320 p., 20 €.

VIES BRÈVES. « 17 », de Bernard Chambaz

SEUIL

« 17 », comme, il y a cent ans, la dix-septième année du XXe siècle, qui fut, entre autres, celle « des mitrailleuses au Chemin des Dames et des canons autour du palais d’Hiver », écrit Bernard Chambaz. Mais, voulant marquer le souvenir de ces événements, l’écrivain s’est avisé « que 17 était advenu chaque siècle, au moins depuis le premier de notre ère », et qu’en chiffres romains XVII était l’anagramme de vixi (« j’ai vécu »).

Alors il a choisi de retracer dans un livre « 17 vies brèves de personnes plus ou moins célèbres, nées ou mortes en 17 », du grammairien, poète et médecin Jacques Peletier du Mans (1517-1582 ou 1583) au jazzman Thelonious Monk (1917-1982)…

Traquant les coïncidences et les échos à travers les époques, 17 (le nombre renvoie aussi au nombre d’années vécues par le martin-pêcheur, animal totem du fils de l’écrivain, mort à 16 ans dans un accident) caracole d’une vie à l’autre, mais sait prendre son temps, instruit son lecteur sans oublier de faire jaillir l’émotion, mine de rien, au détour d’une phrase. Raphaëlle Leyris

Seuil, 144 p., 15 €.