La sénatrice Verte Larissa Waters, le 18 juillet à Brisbane, après avoir démissionné en raison de sa binationalité. | STRINGER / REUTERS

C’est une histoire abracadabrantesque, mais elle a coûté sa place au ministre des ressources et de l’Australie du Nord, Matthew Canavan. Le sénateur a annoncé, mardi 25 juillet, la mine sombre, sa démission du gouvernement. Alors que l’article 44 de la Constitution interdit aux binationaux d’être élus au Parlement fédéral, à moins de prouver qu’ils ont tenté de modifier cette situation, le conservateur, a déclaré, au cours d’une conférence de presse, avoir découvert qu’il possédait, sans le savoir, la nationalité italienne. Sa mère, née en Australie de parents italiens, avait entamé en 2006 des démarches pour acquérir la citoyenneté de ses aïeux et l’aurait inclus, sans l’en informer, dans sa demande. Alors qu’il soutient n’avoir jamais signé aucun document, Matthew Canavan est devenu italien malgré lui, et par là même, inéligible.

Majorité fragile

Si les explications étonnantes de l’élu ont déclenché quelques éclats de rire parmi les responsables politiques australiens, l’affaire n’en est pas moins prise très au sérieux. Le parlementaire est la troisième victime de l’article 44 en moins de deux semaines. Le 18 juillet, une sénatrice des Verts, Larissa Waters, qui a vécu les premiers mois de sa vie au Canada, avait, elle aussi, été contrainte à la démission après avoir appris sa double nationalité. Quatre jours plus tôt, un autre sénateur Vert, né en Nouvelle-Zélande, chutait pour la même raison.

L’article 44 de la Constitution adoptée en 1901 pourrait faire tomber d’autres têtes. Comme plus d’un quart de leurs concitoyens, 23 élus fédéraux sont nés à l’étranger. Dans une Chambre des représentants où sa majorité ne tient qu’à un siège, la coalition libérale au pouvoir redoute désormais de nouvelles surprises et quelques voix commencent à s’élever pour demander une révision de ce texte, issu d’une époque révolue où l’Etat australien naissant craignait les allégeances étrangères de ses nouveaux citoyens.

Mais tout amendement de la Constitution nécessite un référendum. Un processus long, complexe et incertain, alors qu’aucun des deux principaux partis du pays ne considère ce sujet comme prioritaire. Le gouvernement a saisi la Cour suprême pour qu’elle précise la marche à suivre dans l’hypothèse où la double nationalité aurait été acquise par un élu à son insu.