La police métropolitaine de Londres a fait savoir, jeudi 27 juillet, qu’elle envisageait des poursuites judiciaires pour homicide involontaire, dans l’enquête sur l’incendie de la tour Grenfell, en juin.

Dans une lettre adressée aux familles des victimes et aux survivants de l’incendie qui a fait au moins 80 morts, la police explique avoir notifié à la municipalité de Kensington et de Chelsea, mais aussi au gestionnaire des logements sociaux du quartier, le Kensington and Chelsea Tenant Management Organisation (KCTMO), que l’enquête avait fait apparaître suffisamment d’éléments pour les soupçonner de corporate manslaughter, terme de droit britannique désignant un homicide involontaire commis par une entité. Un responsable de chaque organisation devrait être prochainement entendu par les autorités.

Des matériaux mis en cause

Le feu qui a pris dans la tour de 24 étages durant la nuit du 14 juin s’est propagé à très grande vitesse, laissant peu de chances de survie à de nombreux habitants. Si le bilan officiel est de 80 morts, le voisinage et les survivants affirment que le nombre de disparus serait, en réalité, beaucoup plus important. Ils pointent la responsabilité d’un revêtement isolant installé un an plus tôt sur la tour et dont les composantes inflammables ont pu aider le feu à se propager.

La tragédie de Grenfell, qui a endeuillé le petit quartier populaire enclavé de Kensington, dans l’ouest de la capitale, s’est muée au cours du mois de juin en crise politique, poussant la première ministre, Theresa May, à ouvrir une enquête publique, en parallèle de l’enquête judiciaire de Scotland Yard.

Ces investigations doivent déterminer de manquements éventuels – aux réglementations anti-incendie notamment – ayant conduit au drame. Des inspections ont été lancées sur 600 immeubles, révélant que les mêmes revêtements inflammables avaient été utilisés pour plusieurs autres tours.