Le président sud-coréen Moon Jae-in, à Séoul, le 4 juillet. | Stringer . / REUTERS

En pleine réflexion sur l’avenir de son économie, la Corée du Sud affiche une croissance en léger ralentissement mais conforme aux attentes. Au deuxième trimestre 2017, la quatrième économie asiatique a enregistré une progression de 0,6 % du produit intérieur brut (PIB), selon les chiffres publiés le 27 juillet par la Banque de Corée, après 1,1 % au premier trimestre.

Sur un an, la croissance s’établit à 2,7 %. Entre avril et juin, l’activité a profité d’une hausse de 0,9 % de la consommation des ménages et de 1 % de la construction. Elle a été ralentie par le recul de 3 % des exportations, moteur traditionnel de l’économie sud-coréenne qui génère 50 % du PIB.

Ces chiffres suivent l’annonce le 25 juillet du plan sur cinq ans de l’administration du président progressiste Moon Jae-in, élu en mai, pour concrétiser son engagement en faveur d’une « économie centrée sur l’humain ». Pour le ministre de la stratégie et des finances Kim Dong-yeon, il s’agit d’un « nouveau paradigme économique » devant corriger les « différents problèmes structurels du pays, une croissance au ralenti ou encore une polarisation des richesses » avec comme premier objectif une hausse du PIB de 3 % en 2017, après 2,8 % en 2016, plus appuyée sur la demande interne que sur les exportations.

Lutte contre le chômage

S’ajoutant au déblocage décidé le 22 juillet de 11 030 milliards de wons (8,45 milliards d’euros) dans le cadre de mesures de relance, la réforme passe par un soutien accru à l’innovation et aux entreprises, publiques comme privées, créant des emplois. La lutte contre le chômage, des jeunes notamment, fut une priorité de la campagne de M. Moon qui a promis la création de 1,3 million d’emplois en cinq ans.

Contre les inégalités, le gouvernement veut porter le salaire minimum à 10 000 wons (7,70 euros) de l’heure en 2020. Une première hausse, de 16,5 % à 7 530 wons (5,80 euros), est prévue pour 2018. Les allocations-chômage seront également revalorisées et des initiatives prévues pour améliorer l’environnement du travail.

Le plan concerne également la gouvernance des chaebols, les conglomérats locaux, dont les dérives, notamment les liens étroits avec le monde politique, sont à l’origine du scandale ayant conduit à la destitution en mars de la présidente Park Geun-hye (2013-2017) et la mise en examen pour corruption notamment, du dirigeant de facto de Samsung Lee Jae-yong.

Productivité faible

Egalement soucieux d’environnement, le gouvernement veut encourager financièrement l’usage des transports en commun et le développement des véhicules électriques. Ces mesures suivent les annonces de fermetures de centrales à charbon et de la réduction de la dépendance au nucléaire.

Pour financer cette réforme au coût estimé à 178 000 milliards de wons (136 milliards d’euros), la dépense publique devrait croître à un rythme accéléré de 4 % à 5 % par an. Cette hausse serait en partie compensée par une augmentation de 22 % à 25 % du taux de l’impôt sur les sociétés dont les ventes dépassent 200 milliards de wons (153 millions d’euros) par an. Les particuliers gagnant plus de 400 millions de wons (306 000 euros) devraient être imposés plus lourdement.

Le gouvernement table aussi sur un contexte économique mondial favorable pour le succès de son projet. Il attend une hausse de 10,2 % des exportations au deuxième semestre 2017 et de 2,3 % des dépenses des ménages.

Le projet représente une rupture avec le modèle qui a fait le succès économique de la Corée du Sud, connu sous le nom de « miracle du fleuve Han » et qui se caractérisait par la priorité donnée aux chaebols.

Si la chambre de commerce de Corée (KCCI), traditionnelle alliée des chaebols, s’y montre plutôt favorable, la presse conservatrice, à commencer par le quotidien JoongAng, s’inquiète de la hausse des dépenses publiques et rappelle que, si les entreprises ne créent pas d’emplois, c’est aussi parce qu’elles souffrent d’une productivité faible. Les PME redoutent l’incidence de l’augmentation sur leurs activités du revenu minimum, que la KCTU, la principale confédération des syndicats, juge indispensable pour une vie avec « un minimum de dignité ».