Les fidèles musulmans continuent de prier dans la rue, en dehors de l’esplanade, malgré le retrait des portiques et des installations de caméras de surveillance. | AHMAD GHARABLI / AFP

La situation restait tendue le mercredi 26 juillet entre Israéliens et Palestiniens autour de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem malgré le retrait de détecteurs de métaux controversés, suscitant la crainte d’une éruption de violence lors de la grande prière du vendredi.

Les fidèles musulmans refusaient toujours mercredi d’entrer sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam, et priaient dans les rues adjacentes comme ils le font depuis plus d’une dizaine de jours.

Les tensions étaient montées brusquement autour de ce site religieux situé à Jérusalem Est, partie palestinienne – occupée et annexée par Israël – de la ville, après l’installation le 16 juillet par l’Etat hébreu de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade.

Les musulmans palestiniens y avaient vu une tentative d’Israël d’augmenter son contrôle sur ce site.

La chaîne qatarie accusée d’attiser les tensions

Les autorités israéliennes avaient-elles justifié ce dispositif par le fait que les assaillants qui avaient tué deux policiers israéliens le 14 juillet avaient dissimulé des armes sur ce site et en étaient sortis pour mener leur attentat.

Mercredi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a annoncé qu’il voulait expulser la chaîne Al-Jazira, basée au Qatar, qu’il a accusée d’attiser les tensions autour des lieux saints.

Cinq Palestiniens ont trouvé la mort la semaine dernière au cours des affrontements qui ont éclaté après l’installation des détecteurs. Trois Israéliens ont également été tués pendant la même période par un Palestinien dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée.

Réseau de caméras de surveillance

Après d’intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël a finalement accepté de retirer les détecteurs mardi. Aux premières heures jeudi, des rails et échafaudages récemment montés, où avaient été installées des caméras de surveillance, ont également été retirés.

Mais le gouvernement a indiqué qu’il les remplacerait par un autre moyen de surveillance, « basé sur des technologies avancées », au grand dam des autorités musulmanes qui ont maintenu la consigne de boycott du site.

Selon le quotidien israélien Haaretz, le gouvernement israélien veut mettre en place un réseau de caméras de surveillance sophistiquées, reposant sur une technologie de reconnaissance biométrique.

Une porte-parole de la police israélienne a affirmé mardi que « cette dernière n’utilise aucun type de caméra portant atteinte à la vie privée et n’a aucune intention de le faire dans le futur ».

Le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé mardi un retour pur et simple à la situation d’avant le 14 juillet pour lever le gel de la coopération avec Israël.

Au cours d’un appel téléphonique, M. Abbas et le roi d’Abdallah II de Jordanie ont « insisté sur l’importance de (…) garantir le respect du statut historique et juridique de la mosquée » Al-Aqsa.

Échange d’amabilités

Les entrées de l’esplanade où se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher sont contrôlées par Israël, qui l’appelle Mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, mais elle est gérée par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier.

Les autorités israéliennes assurent qu’elles n’ont pas l’intention de modifier ces règles tacites.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué mercredi la décision d’Israël de retirer les détecteurs de métaux, mais a jugé qu’elle n’était « pas suffisante ».

Israël a réagi en affirmant, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, que « la seule démocratie réelle dans la région » n’avait pas de « leçons de morale » à recevoir du gouvernement turc « qui a envahi le nord de Chypre, réprime brutalement la minorité kurde et emprisonne des journalistes ».

« Les jours de l’Empire ottoman sont révolus », a-t-il ajouté.

La Maison Blanche a-elle loué « les efforts d’Israël pour assurer la sécurité tout en réduisant les tensions dans la région ».

Sur le plan politique, le Parlement israélien a voté mercredi en première lecture un projet de loi visant à compliquer le passage sous souveraineté palestinienne de certaines zones de Jérusalem dans le cadre d’un futur accord de paix.

Le texte prévoit que toute cession d’une partie de ce qu’Israël considère comme faisant partie de la municipalité de Jérusalem, nécessitera un vote à la majorité des deux-tiers, soit 80 députés sur 120 de la Knesset.