Il y a deux ans éclatait le scandale Volkswagen. Le constructeur avait installé sur 11 millions de ses véhicules diesel un logiciel lui permettant de les faire passer pour moins polluants qu’ils n’étaient vraiment. | Jens Meyer / AP

Le ministre des transports allemand a ordonné, jeudi 27 juillet, le rappel d’environ 22 000 véhicules de marque Porsche à la suite de la découverte d’un système permettant de minimiser le niveau de leurs émissions polluantes.

Le logiciel trouvé sur les modèles Cayenne et Macan de la filiale de Volkswagen constitue un système « illégal », a déclaré à la presse Alexander Dobrindt, soulignant qu’il était « tout sauf ravi » face à l’accumulation des scandales sur les émissions concernant le secteur de l’automobile allemand.

Plus tôt dans la journée, la ministre de l’environnement Barbara Hendricks a haussé le ton contre l’un des fleurons de l’économie allemande. « Une partie du lien de confiance non seulement entre l’industrie automobile et les consommateurs, mais également entre l’industrie automobile et les responsables politiques, a été détruit », a-t-elle estimé en des termes inhabituellement durs, à l’issue d’une entrevue avec le patron de Volkswagen.

Cette posture tranche avec la traditionnelle harmonie entre le gouvernement allemand et ce secteur-clé, l’un des plus grands employeurs et exportateurs d’Allemagne.

Pression sur le gouvernement Merkel

Cette mise au point est faite près de deux ans après qu’il eut été révélé, en septembre 2015, que le groupe Volkswagen (marques Porsche, Seat, Audi…) avait installé, sur 11 millions de ses véhicules diesel dans le monde, un logiciel lui permettant de les faire passer pour moins polluants qu’ils n’étaient vraiment.

La pression sur le gouvernement Merkel s’est encore accentuée avec les informations du magazine Spiegel de vendredi, selon lesquelles les constructeurs allemands ont eu pendant plus de vingt ans des réunions secrètes pour s’accorder sur nombre d’aspects techniques de leurs voitures, lésant ainsi potentiellement consommateurs et sous-traitants et jetant les bases de la tricherie sur les émissions polluantes.

A moins de deux mois des élections législatives allemandes, qui se tiendront le 24 septembre, le dossier est à la fois prioritaire et extrêmement sensible.

Forum sur le diesel

Pris en tenaille entre le souci de ne pas nuire à l’industrie automobile, vitale pour leur pays, et leurs obligations en matière de santé publique, Mme Hendricks et M. Dobrindt ont invité constructeurs et pouvoirs publics à un « forum national sur le diesel » le 2 août.

Les participants espèrent en ressortir avec des solutions concrètes et uniformes pour réduire les émissions d’oxydes d’azote en Allemagne, où plusieurs villes réfléchissent à interdire à la circulation les véhicules roulant au diesel les jours de forte pollution, et que les consommateurs se détournent de ce carburant.

Le bras de fer a commencé. La ministre de l’environnement a jugé que les interdictions de circulation, redoutées par les constructeurs, pouvaient être nécessaires malgré les signes de bonne volonté de l’industrie automobile.

Volkswagen s’est dit prêt jeudi à améliorer près d’un million de voitures diesel supplémentaires en Allemagne, dont des Porsche, afin d’en réduire les émissions polluantes. Sa marque Audi veut rappeler jusqu’à 850 000 véhicules diesel en Europe. Daimler va étendre une mesure de rappel à plus de 3 millions de véhicules diesel Mercedes-Benz sur le Vieux Continent tandis que BMW est prêt à corriger 50 % de sa flotte diesel Euro-5 en Allemagne, soit environ 350 000 véhicules.