Le PDG d’Air-France KLM, Jean-Marc Janaillac, le 28 juillet, à Paris. | ERIC PIERMONT / AFP

Avec l’amélioration de sa santé financière, Air France-KLM se sent pousser des ailes. La compagnie franco-néerlandaise a annoncé, jeudi 27 juillet, trois grands partenariats stratégiques. Des alliances négociées dans le plus grand secret, depuis six mois, par Jean-Marc Janaillac, le PDG. C’est désormais un véritable ballet de participations croisées qui va intervenir. Air France-KLM va ouvrir son capital à deux compagnies étrangères. Une américaine et une chinoise.

Delta Airlines et China Eastern vont acquérir chacune 10 % du capital de la compagnie, à l’occasion d’une augmentation de capital réservée pour un montant de 750 millions d’euros. Dans le même temps, Air France-KLM va prendre 31 % de la compagnie britannique Virgin Atlantic, fondée par le milliardaire Richard Branson.

En novembre 2016, lors de la présentation de son plan stratégique Trust Together, M. Janaillac avait annoncé que le groupe franco-néerlandais allait « reprendre l’offensive ». Il a tenu parole. L’alliance entre Air France et Delta désormais renforcée par Virgin Atlantic en fait le « premier groupe entre l’Europe et les Etats-Unis », s’est félicité le PDG. Il captera à lui seul plus d’un quart de ce trafic transatlantique.

Bénéfice commercial

C’est un mouvement majeur pour Delta et Air France. Ce partenariat sur l’Atlantique Nord est une machine à cash avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 10 milliards d’euros. Avec l’ajout de Virgin Atlantic, Air France-KLM pourra aussi proposer des vols au départ de Londres vers les Etats-Unis, en sus de Paris et d’Amsterdam. A l’issue de cette opération, qui doit encore obtenir le feu des autorités de la concurrence, Air France-KLM restera à égalité au capital de la société commune avec Delta, avec chacune 40 % des parts, tandis que Virgin n’en détiendra que 20 %.

Outre le bénéfice commercial, le groupe franco-néerlandais profite de cette opération pour offir un grand bol d’oxygène à ses finances. M. Janaillac voulait « réduire la dette », c’est désormais chose faite. Calculée, fin juillet, à 2,9 milliards d’euros, elle baissera de 500 millions d’euros à la fin de cette opération.

Mais Air France-KLM ne compte pas seulement profiter des alizés, les vents porteurs le poussent aussi vers l’est. C’est le sens de l’entrée de China Eastern au tour de table d’Air France-KLM. La compagnie chinoise est basée à Shanghaï, le principal centre d’affaires de l’empire du Milieu. Le groupe franco-néerlandais, avec son partenaire chinois, vise la clientèle d’affaires, la plus rémunératrice pour les compagnies aériennes.

Dynamisme du marché

Ces grandes manœuvres capitalistiques coïncident avec le retour en forme d’Air France-KLM. Au premier semestre, son résultat opérationnel culmine à 353 millions d’euros, en hausse de 153 millions d’euros. Comme le voulait M. Janaillac, le groupe a su tirer parti du « dynamisme actuel » du marché avec un trafic passagers en hausse de 6,5 % au cours des six premiers mois de l’année.

Dans le même temps, la recette unitaire, le gain par passager, a progressé de 1,9 %. Ces bons chiffres interviennent quelques jours après que les pilotes d’Air France ont donné leur imprimatur au lancement de Joon, la filiale à coûts réduits de la compagnie aérienne. Le PDG connaît même tous les bonheurs. En effet, les entrées simultanées de Delta et de China Eastern auront pour conséquence d’abaisser la participation de l’Etat au capital du groupe. Elle passera de 17,6 % à 14 %, mais l’Etat restera le premier actionnaire d’Air France-KLM et détiendra 23 % des droits de vote.

In fine, avec ses développements, atlantiques et asiatiques, M. Janaillac devrait écouter d’une oreille lointaine les récriminations de certains des salariés de KLM inquiets de la puissance retrouvée d’Air France.