L’actionnaire chinois du Club Med, Fosun a toujours autant d’appétit. Associé à un compatriote, la société Sanyuan, il s’apprête à avaler la margarine St Hubert. La société de capital investissement britannique Montagu Private Equity, actuel actionnaire des margarines a annoncé la transaction vendredi 28 juillet, sans en dévoiler le montant.

En 2012, lorsque Montagu l’a rachetée au britannique Dairy Crest, elle avait déboursé 430 millions d’euros. Dairy Crest l’avait acquise, quant à elle, pour 370 millions d’euros auprès d’un autre britannique Uniq en 2007. Selon Bloomberg, les chinois auraient cette fois valorisé l’entreprise près de 600 millions d’euros avec sa dette.

St Hubert affiche un chiffre d’affaires de 129 millions d’euros pour l’exercice clot mi-2016, quasi identique a celui qu’il comptabilisait il y a cinq ans. L’entreprise ; dont le siège est à Rungis (Val-de-Marne), possède un site de production à Ludres en Meurthe-et-Moselle et emploie 215 salariés. Elle est surtout présente en France où elle revendique la place de numéro deux avec plus de 40 % du marché des matières grasses allégées mais aussi en Italie sous la marque Vallee. L’entreprise s’est aussi diversifiée dans les desserts à base de soja et les boissons végétales.

Percée chinoise à l’international

Le groupe Fosun fait partie des cinq groupes emblématiques de la percée chinoise à l’international. A ce titre, ils sont dans le viseur du gouvernement de Pékin qui a demandé aux grandes banques chinoises un audit de leur exposition craignant un risque systémique. Fosun a déboursé près de 14 milliards de dollars (environ 12 milliards d’euros) depuis 2014, la liste des emplettes comportant des prises de choix comme le Club Med ou le Cirque du soleil. En février, il avait fait une autre acquisition en France, en prenant le contrôle de la société de gestion immobilière Paref.

Pour s’emparer de St Hubert, Fosun s’est associée à une société d’agroalimentaire spécialisée dans les produits laitiers Sanyuan. Cette entreprise cotée à Shanghaï a un chiffre d’affaires estimé à 5,9 milliards de yuans soit près de 750 millions d’euros. Ce n’est pas la première fois que des entreprises chinoises montrent leur intérêt pour le secteur agroalimentaire français. La collection de châteaux bordelais passés sous pavillon chinois le prouve. Tout comme l’acquisition par Biostime de 20 % du capital de la coopérative Isigny-Sainte-Mère. Ou encore l’investissement à Carhaix dans le Finistère de Synutra qui fabrique du lait en poudre grâce à son accord avec la coopérative Sodiaal.