Anthony Scaramucci avec des journalistes, à la Maison Blanche, le 25 juillet. | Pablo Martinez Monsivais / AP

Les fuites les rendent fous. Et plus ils s’énervent, plus elles se multiplient. Trois jours après la nomination d’un nouveau directeur de la communication à la Maison Blanche, le « golden boy » new-yorkais Anthony Scaramucci, les noms d’oiseaux fusent dans l’équipe du président. Avec « Mooch » – le surnom du nouveau conseiller –, la com' présidentielle a atteint un niveau d’intensité inégalé.

Le dernier épisode de ce que les médias qualifient de « guerre civile » à la « West Wing » (du nom de la série américaine sur la vie dans l’aile ouest de la Maison Blanche) – façon jeu vidéo, est-on tenté d’ajouter, tant ça tire, de préférence au bazooka – a commencé mercredi 26 juillet au soir. Le journaliste du New Yorker Ryan Lizza a tweeté l’information qu’il venait de recueillir : Donald Trump recevait à dîner Sean Hannity, l’animateur qui le couvre de louanges sur Fox News, Bill Shine, un ancien responsable de cette même chaîne, et son nouveau conseiller, Anthony Scaramucci.

Le scoop n’était pas majeur. Ce n’était qu’une fuite de plus dans une administration où les coups s’échangent par révélations interposées. Mais M. Scaramucci l’a très mal pris. Le site Politico venait aussi de publier des documents sur son patrimoine, qu’il croyait être issus d’une fuite – en fait, la journaliste a précisé qu’elle les avait tout simplement obtenus de la Export-Import Bank et qu’ils étaient publics.

Le conseiller a appelé Ryan Lizza, tel une grenade dégoupillée. « Il a commencé par menacer de virer tout le staff de la communication à la Maison Blanche et ça a dégénéré après ça », a raconté le journaliste, qui a aussitôt rédigé un compte rendu – non censuré – de la conversation.

« Vous n’aurez protégé personne »

M. Scaramucci a voulu savoir qui était à l’origine de l’information sur le dîner : « C’est un assistant du président ? » En première ligne de ses soupçons, Reince Priebus, le directeur de cabinet, qui n’était pas convié, lui. N’arrivant pas à ses fins – demander à une figure du New Yorker de livrer ses sources ! –, il a tonné : « OK, je vais tous les virer, comme ça vous n’aurez protégé personne. Le bureau entier va être viré dans les deux prochaines semaines. » Là-dessus, il a versé une larme patriotique : « Il s’agit d’une catastrophe majeure pour le pays. Je vous demande donc, en tant que patriote américain, de me donner une indication sur l’auteur de cette fuite. »

Toujours rien. Le ton est monté. Et les insultes : « Reince est un putain de schizophrène paranoïaque. » Et encore des menaces : « J’ai coincé ces types. J’ai leurs empreintes digitales électroniques sur tout ce qu’ils ont fait grâce au FBI et au putain de département de la justice. » Scaramucci se sentait dépositaire d’une mission, au nom du président qui a promis de bousculer l’establishment. « Le marigot ne va pas l’emporter », a-t-il juré, assurant que M. Priebus allait bientôt démissionner. « Ce que je veux, c’est tuer tous ces connards qui fuitent et mettre le programme du président sur les rails. »

Le communiquant s’en est pris aussi à Steve Bannon, accusé d’essayer de « bâtir [sa] propre marque » en profitant de la présidence. « Je ne suis pas Steve Bannon, à essayer de sucer ma propre bite », a-t-il ajouté. Un peu plus tard, il a baissé d’un ton, signalant un cessez-le-feu temporaire dans la guerre par procuration que se livrent l’establishment et les « révolutionnaires » proches de M. Trump. « Dans l’administration, il y a des gens qui pensent que c’est leur travail de sauver l’Amérique de ce président. Ce n’est pas ça, leur travail. »

Jusqu’à présent, Donald Trump a laissé faire. Il aime le catch, comme chacun sait.