Juan Manuel Santos, le président colombien. | HANDOUT / REUTERS

Le président colombien, Juan Manuel Santos, a annoncé vendredi 28 juillet que son pays ne reconnaîtra pas les résultats de l’élection qui se tiendra dimanche chez son voisin vénézuélien. Nicolas Maduro, le président socialiste du Venezuela, a appelé à la création d’une assemblée constituante, une décision controversée.

« Cette Assemblée constituante a une origine illégitime et par conséquent nous ne pourrons pas en reconnaître les résultats », a déclaré M. Santos lors d’une apparition publique à Barranquilla dans le nord du pays. La constitution voulue par son homologue doit remplacer celle de 1999, approuvée alors par référendum.

« Nous continuerons d’insister sur une solution pacifique, de forme rapide, démocratique, pour que ce pays que nous aimons tant -et je tiens à exprimer ma solidarité avec le peuple vénézuélien, sorte rapidement de l’obscurantisme », a- ajouté M. Santos.

Des dizaines de milliers d’exilés en Colombie

L’opposition, qui a la main sur le parlement depuis fin 2015, voit dans le texte voulu par Maduro l’équivalent d’un coup d’Etat. « C’est une escroquerie pour tromper le peuple », a commenté Julio Borges, le président du parlement alors que l’opposition appelle à descendre dans la rue lors du vote dimanche.

Elle voit dans cette constituante un moyen pour le président Maduro de contourner le parlement élu et d’éviter la présidentielle de fin 2018.

Elu de justesse en 2013, le successeur d’Hugo Chavez, fait face à des rassemblements exigeant son départ dès l’année suivante. La situation économique catastrophique du pays avec une inflation record et la baisse des cours du pétrole (96 % des exportations) a aggravé la crise politique depuis près de quatre mois. Les manifestations quasiment quotidiennes et les affrontements avec la police ont déjà fait plus d’une centaine de morts.

Colère noire à Caracas

Face à l’ampleur des difficultés économiques dans un pays où manquent médicaments et nourritures, une partie des 30 millions de Vénézuéliens a même préféré s’exiler, notamment vers la Colombie voisine.

Vendredi, l’Office des migrations de Colombie a annoncé la création d’un Permis spécial de résidence afin que quelque 150 000 Vénézuéliens - sur les 300 000 à 350 000 qui sont entrés en Colombie- régularisent leur situation après l’expiration du permis provisoire qu’ils ont obtenu. Le permis devrait leur permettre de travailler et étudier.

Air France a annoncé suspendre ses vols à destination du Venezuela du 30 juillet au 1er août inclus, à l’approche de l’élection compte tenu des tensions.