Un manifestant fait face aux forces de l’ordre à Caracas, vendredi 28 juillet. | Carlos Garcia Rawlins / REUTERS

Au Venezuela, l’opposition a maintenu, samedi 29 juillet, son appel à manifester malgré l’interdiction du gouvernement de Nicolas Maduro. Dans ce pays où quatre mois de violences ont déjà fait 113 morts, un vote doit avoir lieu dimanche pour désigner l’Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Ce scrutin est jugé « illégitime » par les anti-Maduro.

L’objectif est « le changement de gouvernement », a fait valoir Henrique Capriles, l’un des principaux dirigeants de l’opposition qui domine le Parlement, estimant que les manifestations devraient se poursuivre après dimanche.

La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
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Vendredi, dans la foulée d’une grève générale de quarante-huit heures qui a conduit à de nouvelles violences faisant huit morts, peu de Vénézuéliens avaient osé défier l’interdiction de manifester, assortie de la menace de cinq à dix ans de prison.

L’opposition ne participera pas au vote de dimanche, qu’elle qualifie de « fraude » visant à permettre au président Maduro de rester au pouvoir en contournant le Parlement et l’élection présidentielle prévue à la fin de 2018. De son côté, Nicolas Maduro a répété vendredi qu’il ne céderait pas et a enjoint à l’opposition de cesser son « insurrection ».

Quelque 70 % des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante, selon l’institut de sondage Datanalisis. La nouvelle Assemblée doit compter 545 membres élus selon un système combinant un vote territorial et par catégories socio-professionnelles. Ce système pourrait permettre à 62 % des 19,8 millions d’électeurs de voter au moins deux fois, soulevant des interrogations sur la validité du résultat.

« J’ai fait des provisions »

Dans un pays où sévit une grave crise économique, avec des pénuries de médicaments et de nourriture, beaucoup se rationnaient à la veille du scrutin, dans l’incertitude des jours à venir. « J’ai fait des provisions. Les Etats-Unis ont demandé à leurs gens de s’en aller, mon chef est parti et nous ne savons pas quand il reviendra. Mieux vaut se préparer », a expliqué à l’AFP Maximiliano, 34 ans. Les craintes d’un conflit ouvert ont aussi poussé des milliers de personnes à partir en Colombie, pays voisin du Venezuela.

La pression internationale s’est accentuée ces dernières heures sur Caracas. Après les sanctions américaines de mercredi contre 13 anciens et actuels responsables gouvernementaux, la Colombie a fait savoir vendredi soir qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats de l’élection de dimanche.