Le roi du Maroc, Mohammed VI, a gracié, samedi 29 juillet, 1 178 détenus, a annoncé le ministère de la justice. | AP

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a gracié, samedi 29 juillet, 1 178 détenus, a annoncé le ministère de la justice. Une partie de ces prisonniers sont membres du mouvement de contestation qui agite la région du Rif (nord). Sans préciser le nombre de ces derniers, le ministère a fait savoir qu’il s’agissait de détenus qui « n’ont pas commis de crimes et qui ne sont pas impliqués dans des actes graves, (...) en considération de leurs conditions familiales et humaines ».

Une source gouvernementale haut placée, contactée par l’AFP, a avancé le chiffre de 40 personnes graciées dans les rangs du mouvement de contestation. Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, n’en fait toutefois pas partie, a précisé cet interlocuteur.

Samedi soir, Mohammed VI a fait un discours marquant le 18e anniversaire de son accession au trône. A cette occasion, il est revenu sur les événements dans le Rif. Fustigeant des acteurs qui se sont « rejeté mutuellement la responsabilité », le monarque a accusé des « partis aux abonnés absents ». « C’est là une attitude inadmissible, de la part d’instances dont la fonction est de représenter, d’encadrer les citoyens et de servir leurs intérêts », a-t-il martelé.

Le roi a par ailleurs rejeté les « allégations » portées par ceux qui parlent « abusivement » d’approche « sécuritaire », saluant « les agents des forces de l’ordre qui consentent d’énormes sacrifices (...), pour assurer la sécurité et la stabilité du pays ».

Mort d’un vendeur de poisson

Depuis la mort d’un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures fin octobre à Al-Hoceïma, des manifestations pour le développement de cette région que ses habitants jugent marginalisée ont eu lieu régulièrement. La relance par l’Etat d’un vaste plan d’investissements n’a pas suffi à désamorcer la colère des habitants.

Le mois de mai a été marqué par un net durcissement des autorités, avec l’arrestation des principales figures du mouvement. Les heurts se sont multipliés, les policiers tentant tous les soirs d’empêcher ou de disperser les rassemblements de soutien à ces prisonniers.

Sous la pression, les manifestations ont cessé début juillet et la tension est retombée d’un cran avec le retrait des policiers de lieux publics emblématiques. Le 20 juillet, les forces de l’ordre ont violemment dispersé plusieurs rassemblements à Al-Hoceïma, empêchant la tenue d’une grande manifestation prévue de longue date mais interdite.

Selon un dernier bilan officiel, 176 personnes avaient été placées en détention préventive, 120 étaient en cours de jugement, alors que des peines allant jusqu’à vingt mois de prison ont été déjà prononcées.