Monographies sur des séries cultes du jeu vidéo ou de la japanimation, étude sociologique par un acteur de série Netflix, guide de YouTube ou de l’e-sport, réflexion sur l’identité sur Internet, ou encore livre illustré pour raconter Pong et Super Mario à ses enfants… Pixels a sélectionné dix livres « geek » sortis avant l’été.

« Dans les coulisses du Marvel Cinematic Universe » | Third Editions

  • « Dans les coulisses du Marvel Cinematic Universe », par Jean-Christophe « Faskil » Detrain

C’est certainement la plus impressionnante machine industrielle des dix dernières années dans le monde du divertissement : du tout premier Iron Man au récent Spider-Man : Home Coming, en passant inévitablement par Avengers et Guardians of the Galaxy, le journaliste Jean-Christophe Detrain retrace film par film l’ascension de la division cinéma de Marvel Entertainment.

Rempli d’anecdotes de tournage, de portraits de décisionnaires et de chiffres de box-office, Dans les coulisses du Marvel Cinematic Universe est un ouvrage vivant, agréable et enrichissant. On regrette tout de même l’absence totale de source et le découpage par œuvre, qui dilue la stratégie générale si unique de Marvel. (W. A.)

Editions Third Editions, 194 pages, 20 euros.

« Dragon Ball : le livre hommage » | Third Editions

  • « Dragon Ball : le livre hommage », par Valérie Précigout

Voilà, haut la main, la plus belle couverture des livres de cet été : un dessin type aquarelle des paysages d’Akira Toriyama, signé Frédéric Tomé. L’ouvrage lui-même est d’un intérêt inégal. Si les nostalgiques et les amoureux de Dragon Ball apprécieront de retracer l’histoire de la célèbre saga des premiers pas de son mangaka jusqu’au récent Dragon Ball Super, on se perd assez souvent en descriptions convenues d’arcs narratifs déjà bien connus du lecteur. D’autant que le plan du livre, curieux, favorise les répétitions.

Valérie Précigout réserve, en revanche, de très belles pages, malheureusement un peu tardives, aux emprunts de Dragon Ball à la culture chinoise et hollywoodienne, apportant un éclairage appréciable à la genèse de cet univers si fascinant. (W. A.)

Editions Third Editions, 224 pages, 25 euros.

« Everybody lies. » | Bloomsbury

  • « Everybody lies : Big Data, New Data, and What the Internet Can Tell Us About Who We Really Are », par Seth Stephens-Davidowitz

Tout le monde ment : jusqu’ici, le constat n’a rien de bien nouveau. Mais pas tout le temps. Et rarement à Google, constate le chercheur et journaliste Seth Stephens-Davidowitz dans cet essai sur ce qu’Internet révèle de nous. Lorsque nous répondons à un sondage, nous n’avons aucune incitation à dire la vérité – alors que nos recherches sur Google révèlent, dans leur masse, tout de nos sociétés, y compris et surtout de leurs pratiques les moins publiques.

En matière de sexualité ou de violence, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les sciences sociales disposent d’outils chiffrés et bon marché pour analyser nos comportements les plus secrets. Avec des résultats étonnants, qui font dire à l’auteur, de manière plutôt convaincante, que nous abordons une nouvelle révolution en profondeur dans notre manière de comprendre les comportements humains. (D. L.)

Bloomsbury, non traduit, 352 pages, 24 euros.

« Fallout - Les mutations d’une saga » | Editions Presse Non Stop

  • « Fallout : les mutations d’une saga », par Théo Dezalay

Fallout a vingt ans à la rentrée : y-a-t-il meilleure excuse pour passer l’été plongé dans le livre de Théo Dezalay et découvrir dans ses détails l’histoire de cette série culte de jeux vidéo post-apocalyptiques ? S’il s’autorise quelques incartades du côté de leurs musiques ou de leurs influences, Fallout : les mutations d’une saga s’applique surtout à raconter, de façon chronologique, la genèse des principaux épisodes de la série, en s’appuyant pour cela sur des entretiens déjà connus ou menés pour l’occasion.

L’ouvrage aborde même quelques-uns des épisodes les plus obscurs, comme le jeu de stratégie Fallout Tactics, les différents épisodes multijoueurs (l’officiel Fallout Online, mort-né, et l’officieux FOnline 2238, auquel l’auteur consacre quelques belles pages), et les années pendant lesquels le français Titus récupéra la licence, avant finalement de la vendre à Bethesda, éditeur des derniers épisodes. Un regret à ce sujet : que le récit des genèses de Fallout 3 et 4 ne soit pas toujours aussi passionnant, l’analyse des mécaniques de jeu y remplaçant souvent les entretiens exclusifs et informations nouvelles. Une somme tout de même. (C. L.)

Editions Presse Non-Stop, 210 pages, 25 euros.

« Le Guide de l’e-sport ». | Editions Hors Collection

  • « Le Guide de l’e-sport », par Rémy « Llewellys » Chanson

Fans de compétitions de jeux vidéo comme néophytes égarés dans ce monde parallèle en pleine ébullition, voilà le livre idéal pour faire le point. Vétéran de la scène française et lui-même cofondateur de l’équipe francilienne ArmaTeam, Rémy Chanson détaille de manière simple et pédagogique l’émergence de l’e-sport, ses différents jeux et tournois, ou encore son économie.

Agréable à lire, grâce à sa maquette aérée, et rythmé par de nombreux entretiens, l’ouvrage sait aussi se montrer pondéré quant au poids réel de ces compétitions, sur lesquelles circulent beaucoup de chiffres parfois exagérés. Un livre référence, tout simplement. (W. A.)

Editions Hors Collection, 192 pages, 17 euros.

« Le Guide des youtubeurs ». | Editions Castelmore

  • « Le guide des youtubeurs », par Sébastien Moricard et Alain T. Puyssegur

On n’est pas bien sûr du public auquel s’adresse ce guide, aux conseils pratiques bien trop génériques (« soyez vous-même ! », « lancez-vous ! ») pour aider l’apprenti vidéaste, et au lexique trop rempli d’erreurs pour satisfaire les experts du Net.

Néanmoins, difficile de lui nier deux intérêts majeurs. Le premier, c’est d’être un admirable bottin, riche et éclectique, des principales chaînes francophones, des youtubeurs les plus légers aux séries les plus qualitatives, comme Chroma, BiTS ou Noob. L’autre intérêt, c’est d’apprendre dans les nombreuses interviews ce que les stars de YouTube consomment elles-mêmes – comme la chaîne cinéphile anglaise Every Frame a Painting, citée plusieurs fois. Bref, un guide inégal, mais malgré tout pratique pour s’y retrouver dans la jungle de la vidéo en ligne. (W. A.)

Editions Castelmore, 286 pages, 15 euros.

« Le professeur Polymathus dans une brève histoire du jeu vidéo » | Third Editions

  • « Le professeur Polymathus dans une brève histoire du jeu vidéo », par Peav’ et Captain Jelly (dessins)

Les ouvrages geek, c’est aussi pour juniors. Dans ce sympathique livre illustré, le bavard Pr Polymathus remonte le temps pour redécouvrir les jeux les plus iconiques des quarante dernières années, de Pong à World of Warcraft en passant par Super Mario Bros. Un voyage forcément nostalgique pour papa et maman, et d’une étonnante complicité pour la génération suivante. On a surpris notre propre junior à éplucher les arrière-plans à la recherche de vieux héros de pixels connus de sa toute petite mémoire. Un joli pont entre les âges. (W. A.)

Editions Third Editions, 30 pages, 15 euros.

« L’histoire de Zelda - 1986-2000 : naissance et apogée » | Pix'n Love

  • « L’Histoire de Zelda – 1986-2000 : naissance et apogée », par Oscar Lemaire

Influences, secrets de fabrication, revue de presse d’époque et chiffres de vente : le journaliste Oscar Lemaire (par ailleurs, contributeur occasionnel de Pixels) dissèque les débuts d’une épopée qui n’a pas fini de marquer les joueurs et l’industrie.

Si on pourrait craindre que l’usage intensif des sources officielles (la série d’interviews « Iwata Asks ») ne ripoline l’audace du propos, celles-ci sont d’une telle exhaustivité que c’est malgré tout un making-of d’une richesse inédite qui s’offre ici aux lecteurs. Une nouvelle référence pour les amoureux des six premiers épisodes de la série, de The Legend of Zelda sur Famicom Disk System à Majora’s Mask, et qui permet aussi de comprendre, en creux, la démarche des créateurs du dernier opus en date, Breath of the Wild. (C. L.)

Editions Pix’n Love, 352 pages, 25 euros.

« Modern Romance ». | Hauteville Editions

  • « Modern Romance », par Aziz Ansari et Eric Klinenberg

Aziz Ansari était déjà l’un des acteurs les plus attachants de la série Parks and Recreation. Un comédien de stand-up respecté. Le réalisateur talentueux de Master of None, série Netflix touchante, juste et poétique sur la trentaine. C’est désormais également l’auteur de Modern Romance, essai sur la séduction à l’heure d’Internet.

Il aurait pu s’agir d’un faux guide rigolard distillant les astuces de drague bidons le long de 300 pages éprouvantes. Pas du tout. Après avoir rencontré plusieurs centaines de jeunes célibataires aux côtés du sociologue Eric Klinenberg, il dresse, chiffres et sources à l’appui, le portrait d’une génération qui a tout à fait repensé son rapport à l’autre mais aussi à la technologie. Sérieux et léger, documenté et rigolo, Modern Romance ne s’embourbe que quand il cède, malgré tout, à donner quelques conseils à un public que l’on imagine très américain, très hétéro, très urbain trentenaire aisé – un profil dans lequel ne se reconnaîtront peut-être pas tous ses lecteurs. (C. L.)

Hauteville Editions, 310 pages, 17 euros.

« On n’est jamais bizarre sur Internet (ou presque). » | Editions Bragelonne

  • « On n’est jamais bizarre sur Internet (ou presque) », par Felicia Day

Felicia Day est bizarre – pour de vrai. Egérie geek, actrice dans Buffy, productrice, scénariste et célébrité sur les réseaux sociaux, elle raconte dans ses mémoires son enfance hippie, ses déboires hollywoodiens et des dizaines d’anecdotes complètement improbables. Avec une honnêteté parfois gênante, elle écrit comme elle parle et souvent avec desmotstoutcollés, accro de Twitter oblige.

L’histoire de sa vie n’en est pas moins une lecture facile et amusante. On y apprend comment The Guild, la websérie sur les joueurs de World of Warcraft qui a vraiment rendu Felicia célèbre a vu le jour, mais aussi comment elle a customisé une peluche en Père Noël avec un sabre et des chaussons lapin. On aurait juste envie que les illustrations du livre soient en couleur, comme Felicia et sa nerditude. (O. S.)

Editions Bragelonne, 320 pages, 16,50 euros.