La liste de l’ex-président Abdoulaye Wade se classerait troisième des élections selon les premières estimations. | SEYLLOU / AFP

Les premières tendances au plan national des législatives du dimanche 30 juillet au Sénégal donnent vainqueur Benno bokk yaakar, la coalition au pouvoir, suivie de la coalition Manko taxawu Senegal, dont la tête de liste est Khalifa Sall, le maire de Dakar en détention.

Arrive en troisième position, la Coalition gagnante Wattu senegaal de l’ex-président Abdoulaye Wade. Macky Sall dispose ainsi d’une grande majorité (au moins 110 députés) pour mener en toute tranquillité sa politique jusqu’en 2019, date de la présidentielle.

A Dakar, la Coalition au pouvoir est au coude à coude avec celle du maire Khalifa Sall à laquelle des sondages locaux donnent une légère avance. De quoi susciter la polémique car le pouvoir, à travers son ministre de la Jeunesse et celui de la Gouvernance Locale, a investi les médias, ce lundi vers 1 heure du matin pour soutenir le contraire. La polémique serait la prolongation d’un scrutin que les Sénégalais ne sont pas près d’oublier et dont les résultats provisoires sont attendus ce lundi.

Confusion du processus

Les Sénégalais retiendront de ces législatives une relative confusion entretenue tout au long du processus. Avec 47 listes en compétition - une première -, l’Etat du Sénégal a peiné à installer les bureaux de vote. Dans plusieurs localités, le vote a démarré avec au moins trois heures de retard. Autre difficulté : des électeurs en possession de la nouvelle carte d’identité biométrique, n’ont pas retrouvé leur nom sur le fichier électoral.

Au Sénégal les députés sont élus selon un mode de scrutin mixte dans 45 circonscriptions électorales qui correspondent au nombre de départements que compte le pays. Au scrutin majoritaire à tour unique, 90 sièges sont pourvus dans chaque circonscription à raison de 1 à 5 sièges par circonscription. La liste de candidats qui totalise le plus grand nombre de suffrages exprimés remporte le scrutin majoritaire. Pour Dakar et ses départements, 7 sièges sont à pourvoir.

Sur la liste nationale au scrutin proportionnel, 60 sièges sont pourvus. Pour déterminer le nombre de siège au scrutin national, il faut diviser le nombre total de suffrages exprimés par le nombre de députés à élire sur la liste nationale pour disposer du quotient national. On divise ensuite le nombre de suffrages exprimés de chaque liste de candidat par le quotient. Le résultat obtenu donne le nombre de sièges affectés à la liste. S’il reste encore des sièges, on procède alors à une autre distribution selon le système du plus fort reste.

Surnommée « quinzième région du Sénégal », la diaspora a été répartie en huit nouvelles circonscriptions qui devront choisir leurs différents députés. Deux en Europe, une en Amérique, une en Asie-Moyen-Orient, et quatre autres en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et australe pour un total de 15 députés.

Un fort taux de participation autour de 53,98 %

Pour nombre d’observateurs de la vie politique sénégalaise, le taux de participation, qui tourne autour de 53,98 % contre 36 % aux législatives de 2012, est la surprise de ce scrutin. Cette hausse peut s’analyser à plusieurs niveaux selon le coordonnateur de l’unité d’assistance électorale de l’Institut Gorée Mamadou Seck.

« Il y a eu d’abord le découplage des législatives avec la présidentielle, une première au Sénégal, donnant à ce scrutin à mi-mandat, un cachet de primaire pour la présidentielle de 2019 », décrypte-t-il, ajoutant que « l’effet Khalifa Sall est aussi à prendre en compte. Le maire de Dakar attire la sympathie dans certaines villes comme Dakar mais aussi Thiès, fief de l’ancien Premier Ministre Idrissa Seck, membres de la coalition du maire en détention. Il faut aussi noter que le taux de distribution des cartes d’identité biométriques a connu des pics dans les régions de Fatick (91 %) et de Saint-Louis, lieux d’origines du couple présidentielle ».

Selon Mamadou Seck, le troisième élément d’analyse est lié « à la présence de l’ex-président Abdoulaye Wade qui reste incontestablement le choix privilégié de l’électorat mouride ». Le coordonnateur intègre également dans son analyse la refonte partielle du fichier électoral qui a amené du sang neuf en redynamisant l’électorat.

Que faire des électeurs de Touba ?

Dans la cité religieuse de Touba, le vote a été prorogé jusqu’à minuit mais la destruction de 80 bureaux de vote doit être prise au sérieux car les électeurs attendus dans ces bureaux n’ont pas pu voter.

La situation inquiète les habitants de cette ville religieuse, deuxième démographie du pays après Dakar. « A raison de 600 inscrits par bureau de vote, il est clair qu’on ne peut laisser en rade près de 50 000 voix. Il serait judicieux, en pareil cas, d’organiser des partielles pour permettre à cette masse non négligeable de s’exprimer », confie dans l’anonymat un expert des élections contacté par le Monde Afrique. Il ajoute que ces « partielles » peuvent être organisées dès la semaine prochaine pour les électeurs de Touba.