Le président Xi Jinping inspecte les troupes dimanche sur la base de Zhurihe, dans le nord de la Chine | Li Tao / AP

Immense terrain d’entraînement longtemps secret s’étirant à perte de vue sur les steppes mongoles, la base de Zhurihe a accueilli dimanche 30 juillet un défilé militaire spectaculaire, le premier à se tenir en dehors de la capitale. Il célébrait les 90 ans de l’armée populaire de libération (APL), fondée clandestinement par le Parti communiste chinois (PCC) le 1er août 1927 sous le nom d’armée rouge chinoise dans ce qui était alors la Chine de Tchang Kai-chek.

Cette démonstration de force, prévue de longue date, intervient sur fond de regain de tensions entre Chine et Etats-Unis depuis un deuxième essai de missile intercontinental nord-coréen le 28 juillet. Celui-ci a valu à la Chine d’être la cible, le lendemain, d’une virulente attaque sur Twitter de la part de Donald Trump, au motif que Pékin ne faisait rien pour les Etats-Unis au sujet de la Corée du Nord. « Nous ne permettrons plus que cela continue. La Chine pourrait très aisément résoudre ce problème », avait tweeté le président américain.

La Chine organise un défilé pour célébrer la journée de l’armée

Modernisation

A Zhurihe, dimanche, Xi Jinping, le président chinois et secrétaire du PCC, a projeté une image martiale, rappelant aux Etats-Unis et au reste du monde que l’armée chinoise était désormais celle d’une grande puissance. « Nous sommes plus près que lors d’aucune autre période de notre histoire de notre objectif de renaissance de la nation chinoise, et nous avons besoin plus qu’à aucune autre période de l’histoire de bâtir une armée du peuple puissante », a déclaré le « commandant en chef » chinois, un titre à l’occidentale entré en vigueur en 2016.

M. Xi, également président de la Commission militaire centrale, a lancé une vaste réforme de l’armée et de ses structures de commandement, avec l’objectif affiché de la rendre « prête au combat », et, en conséquence, de la faire ressembler un peu plus aux grandes armées occidentales. Cette modernisation, qui implique un « dégraissage » de 300 000 soldats, rencontre toutefois quelques résistances.

L’anniversaire de l’APL ne donne pas lieu en général à un défilé militaire, mais à des rencontres entre le chef du parti et les principaux dirigeants militaires, ainsi qu’à diverses célébrations. Avec Zhurihe, M. Xi fait de nouveau l’événement, comme il l’avait fait le 3 septembre 2015 pour un défilé militaire d’une ampleur alors inédite dans les rues de Pékin, à l’occasion des 70 ans de la victoire sur le Japon.

M. Xi en veste de treillis

Dimanche matin, le président chinois, vêtu d’une veste de treillis, posté sur un véhicule tout terrain, a de nouveau passé les troupes en revue dans une chorégraphie réglée comme du papier à musique. « Bonjour camarades ! », a-t-il déclaré aux différentes troupes assemblées, qui ont lui répondu en chœur : « Bonjour, M. le président ! » Puis le commandant en chef a enchaîné sur un « Camarades, vous avez travaillé dur ! »

Le vaste théâtre naturel que constitue cette base d’entraînement de Mongolie intérieure a permis un déploiement inédit de troupes et de matériel, notamment des hélicoptères de combat que l’on a pu voir survoler les engins transporteurs de missiles. Quelque 12 000 soldats étaient rassemblés à Zhurihe, et 40 % de l’armement qui y était présenté cette année ne l’aurait jamais été auparavant, selon la télévision officielle chinoise. C’est le cas du DF-31AG, une nouvelle version du missile balistique intercontinental chinois DF-31A, qui peut être monté sur un véhicule tout-terrain, ce qui lui permet d’être moins facilement repérable.

Dans un monde politique chinois chargé de symboles, le défilé de Zhurihe vient asseoir un peu plus l’autorité de Xi Jinping, à quelques mois seulement du 19e Congrès du Parti communiste chinois, le conclave qui se tient tous les cinq ans pour renouveler ses instances dirigeantes.