L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Dans un demi-siècle, quand tous les gouvernements auront tenu leur engagement de mettre fin à la production de véhicules à moteur à explosion, les films de la série Cars susciteront le même attendrissement nostalgique que Le Petit Dinosaure.

En attendant, Pixar continue de sortir de nouveaux modèles, voici donc Cars 3, et le président des Etats-Unis a proclamé son intention de dénoncer l’accord de Paris, concentrant toutes ses attentions sur un secteur industriel : l’automobile. Ce rapprochement pourra paraître tiré par les essuie-glaces, il n’empêche que dans la constellation des « univers » du konzern Disney-Pixar-Marvel, Cars apparaît comme un îlot à l’abri des considérations écologistes et mondialistes qui parcourent aussi bien les océans de Nemo et Dory que les galaxies des Gardiens. Flash McQueen, la voiture rouge, court sur le circuit Nascar (National Association For Stock Car Auto Racing), une discipline purement nord-américaine.

Rythme paresseux

Dans ce troisième épisode, lorsqu’il lui faut affronter une crise existentielle, il revient aux racines du stock-car, quelque part dans des montagnes qui évoquent irrésistiblement les régions minières qui ont tant contribué à la victoire de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Cette lecture politique de Cars 3 est née, il faut bien l’avouer, de l’ennui que suscite la vision du film de Brian Fee.

Les connaisseurs reconnaîtront dans le scénario la plupart des éléments de Rocky 3 : la fatigue du champion, l’émergence d’une nouvelle génération de challengers. Les super-connaisseurs discerneront dans certains personnages secondaires (tous des voitures, comme le veut la règle du jeu) des figures du circuit Nascar – commentateurs ou sponsors. Et les moralistes s’indigneront de l’impudence de Pixar, filiale de Disney, qui moque cruellement le merchandising organisé autour des vedettes.

Les connaisseurs reconnaîtront dans le scénario la plupart des éléments de « Rocky 3 »

Les autres se laisseront aller au rythme paresseux d’une histoire qui fait tomber Flash McQueen plus bas que terre, après qu’il eut été humilié par Jackson Storm, jeune champion condescendant. Dans l’espoir de retrouver son meilleur niveau, il accepte, à l’invitation d’un riche sponsor, de s’entraîner sous les ordres de Cruz ­Ramirez (Cristela Alonzo en version originale, Alice Pol en français), jeune et jolie automobile jaune citron à l’accent hispanique. En conférant à ce modèle sportif et élégant ce genre et cette origine, Pixar espère sans doute élargir le public de Cars 3 au-delà des futurs spectateurs de la Nascar.

Pour y arriver, il faudrait un peu d’émotion (une matière première dont d’ordinaire le studio de John Lasseter dispose en abondance), des personnages moins stéréotypés. Mais la plus belle carrosserie du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Cars 3 - Bande-annonce officielle

Film d’animation américain de Brian Fee (1 h 40). Sur le Web : films.disney.fr/cars-3, www.disneypixar.fr/films/227-cars-3.html et www.facebook.com/PixarCars