Des demandeurs d’asile déchargent leurs affaires en arrivant au stade olympique de Montréal le 2 août 2017. | Ryan Remiorz / AP

Des dizaines de lits de camp ont été installées mercredi 2 août au stade olympique de Montréal afin d’y loger en toute urgence des réfugiés haïtiens fuyant les Etats-Unis de crainte d’être expulsés.

Si de nombreux réfugiés sont arrivés au Canada depuis l’arrivée à la Maison blanche du président Donald Trump, leur nombre a subitement gonflé depuis un peu plus d’une semaine. Ces personnes sont majoritairement haïtiennes.

« C’est une crise sérieuse », car « le système n’est pas dimensionné pour faire face à une telle demande d’immigration », a confié Jean-Pierre Fortin, président du Syndicat des douanes et de l’immigration.

« 500 demandeurs d’asile ont traversé la frontière » sur la seule journée de mardi près du poste des douanes de Lacolle (sud du Québec) et, selon lui, 90 % sont des Haïtiens.

La peur que leur Statut de protection temporaire (TPS) aux Etats-Unis soit révoqué, pousse les Haïtiens à franchir la frontière pour trouver refuge au Canada.

Ce TPS a été accordé à près de 60 000 Haïtiens après le séisme de 2010 et a été prolongé ce printemps de six mois par l’administration Trump, et devrait donc se terminer en fin d’année.

Sécuriser des lieux d’hébergement

Le Québec et plus particulièrement Montréal abrite une des plus importantes communautés haïtiennes au monde. Avec la nouvelle politique migratoire américaine, le choix était vite fait pour ces Haïtiens en panique, a expliqué Guillaume André, directeur du centre communautaire multiethnique de Montréal Nord.

Un premier bus est arrivé aux portes du stade olympique mercredi en milieu de journée. Environ 40 personnes, dont plusieurs enfants, en sont descendues avant de gagner sous bonne escorte l’intérieur du stade.

La ville de Montréal a annoncé mercredi la sécurisation « de lieux d’hébergement bien organisés et convenablement équipés qui pourraient accueillir les demandeurs d’asile au cours des prochains mois, pour la période d’hébergement dont ils ont besoin avant de se trouver un logement ».

Cette situation est « encore une conséquence de la politique d’immigration de Donald Trump », a déploré le maire Denis Coderre en rappelant que Montréal est depuis février « une ville sanctuaire » pour les clandestins.

Hébergés jusqu’ici dans des résidences universitaires, des centres d’accueil ou des hôtels, les demandeurs d’asile sont maintenant si nombreux que l’ouverture du stade olympique, avec toutes les facilités sanitaires, a été trouvée.

« C’est une solution temporaire (…) car il faut trouver des logements et des écoles pour les enfants » à l’approche de la rentrée, a indiqué à l’AFP Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti à Montréal.

2 500 réfugiés en un mois

La vague d’arrivées d’Haïtiens rappelle à Mme Villefranche les « 10 000 à 12 000 personnes qui avaient traversé la frontière » sur deux ou trois ans au tout début des années 2 000.

En dépit des signaux, les autorités n’ont pas pris la mesure de l’afflux des réfugiés et, après une première vague au cours de l’hiver, leur nombre s’est envolé.

Pour Denis Coderre, 2 500 réfugiés ont franchi en juillet 2017 la frontière terrestre au sud du Canada.

Le syndicat des douaniers avait « demandé l’embauche d’agents en novembre 2016 dès l’élection de Donald Trump » en prévision d’un afflux de réfugiés, a rappelé à l’AFP son président Jean-Pierre Fortin.

A Montréal, les nouveaux migrants peuvent compter sur la solidarité de la communauté haïtienne, véritable « famille élargie », selon Guillaume André. « Quand quelqu’un rentre, quand c’est un Haïtien, on n’a pas besoin de savoir si c’est un membre de la famille ou non, on va l’accueillir pour l’aider ».

La Maison d’Haïti a collecté une quarantaine de poussettes, « mais en l’espace de deux semaines, tout est parti », a raconté Marjorie Villefranche car « les arrivants sont surtout des familles avec des enfants ».