L’Etiopienne Almaz Ayana au moment de son passage sur la ligne d’arrivée du 10 000 m à Rio, le 12 août 2016. | OLIVIER MORIN / AFP

Les mondiaux d’athlétisme démarrent vendredi 4 août avec, entre autres, la course de fond du 10 000 mètres. L’icône de la soirée sera le Britannique Mo Farah, quadruple champion olympique de la discipline qui, à 34 ans, dispute sa dernière compétition internationale.

Chez les messieurs, les records reculent les uns après les autres, mais on semble s’approcher d’un plancher ; chez les dames, une surprise nommée Almaz Ayana a dynamité aux Jeux de Rio en 2016 le record établi en 1993 à Pékin.

Les records en 10 000 m chez les dames ne sont homologués que depuis 1981, et depuis, deux femmes ont capté trente ans de records : d’abord, la Norvégienne Ingrid Kristiansen, pendant huit ans, puis la Chinoise Wang Junxia, pendant vingt-deux ans. Jusqu’à ce que, dès le premier jour de l’athlétisme aux Jeux de Rio en 2016, l’Ethiopienne Almaz Ayana dépoussière le record vieux de vingt-deux ans de 14 s 33.

Dans l’univers du 10 000 m, la course du 12 août 2016 à Rio rassemblait toutes les conditions pour faire de bons chronos, raconte l’entraîneur Pierre-Jean Vazel : « [Le 10 000 m est] rarement organisé en meeting, ses listes mondiales sont principalement constituées de performances réalisées aux Jeux olympiques ou aux Championnats du monde. Les courses tactiques, la chaleur ou bien la pluie battante, comme lors du record d’Europe de Paula Radcliffe [30 min 1 s 09 à Munich en 2002], ont toujours plombé les aiguilles du chronomètre. »

Bataille rangée entre Kényans et Ethiopiens

Chez les messieurs, c’est un Français qui établit le premier record de l’histoire en 10 000 mètres, un certain Jean Bouin, à Colombes (alors dans le département de la Seine) et qui le gardera même près de dix ans. Puis viennent les décennies finlandaises (jusqu’aux années 1950) et tchèques (avec l’unique Emil Zátopek), avant la domination sans partage du Kenya et de l’Ethiopie.

Contrairement à d’autres disciplines de l’athlétisme, le 10 000 mètres n’a pas connu dans les années 1980 et 1990 de chute vertigineuse des temps. Le plus gros écart entre deux records modernes est celui de l’Australien Ron Clarke quand, en 1965, il améliore son propre record de trente-six secondes. Depuis, chaque nouveau temps est battu de deux à huit secondes, dessinant finalement une courbe assez douce ; et surtout, en vingt ans, les trois plus récents records ont été battus par deux Ethiopiens : Haile Gebrselassie et Kenenisa Bekele.

Néanmoins, les années 1990 sont celles du passage sous les 27 minutes chez les messieurs, avec une préférence manifeste pour les températures scandinaves : le 10 juillet 1993, à Oslo, le Kényan Yobes Ondieki améliore de 9 s 53 le record établi cinq jours plus tôt à Stockholm par son compatriote Richard Chelimo.

Ce dernier meurt huit années plus tard d’un cancer du cerveau. Un drame sans rapport avec sa probable déception, mais pas sans lien avec le dopage, selon le double champion olympique marocain Hicham El Guerrouj, qui prédisait en 2001 que « beaucoup d’athlètes [allaient] mourir à cause du dopage, il y aura d’autres morts prématurées ».