Le transfert de Neymar au PSG, dans des conditions hors norme, a le mérite de ravir autant les supporteurs du club parisien que le ministre de l’action et des comptes publics. Au micro de France Inter, jeudi 3 août, Gérald Darmanin se disait « réjoui » des impôts que le prodige brésilien allait devoir régler à l’Etat français. En effet, en se fiant aux informations sur les sommes en jeu circulant depuis plusieurs semaines, l’arrivée de Neymar représenterait un revenu non négligeable pour les comptes publics.

300 millions d’euros en cinq ans

Le montant évoqué d’un transfert à 222 millions d’euros n’est qu’un minimum. Cette somme correspond à la clause libératoire figurant dans le contrat qui liait l’attaquant au FC Barcelone jusqu’en 2021. Une telle disposition est illégale en France mais très courante en Espagne. Pour s’en affranchir, il fallait au joueur régler ce montant au club catalan. Dans les faits, le total de cette opération est bien plus élevé : étant donné qu’il paie lui-même cette somme, remboursée par le PSG, la transaction est alors considérée comme une avance sur salaire, alors soumise au règlement de cotisations sociales, soit 100 millions d’euros. A cela s’ajoutent les 80 millions d’euros que prélève sur la somme le fisc ibérique, faisant grimper l’addition à 400 millions d’euros. Si cette somme vous paraît excessive, sachez que, dans le contrat madrilène de Cristiano Ronaldo, la clause libératoire s’élève à 1 milliard d’euros…

Comme souvent dans ces transferts, le salaire est négocié net d’impôt. Ainsi, quels que soient les éventuels changements en matière de fiscalité, Neymar pourrait toucher 30 à 35 millions d’euros par an. Selon les calculs du Figaro, l’attaquant rapporterait donc 300 millions d’euros à l’Etat sur les cinq prochaines années, soit 27 millions d’euros d’impôt sur le revenu et 10,5 millions de cotisations sociales annuellement.

Dans une moindre mesure, les recettes de la TVA engendrées par les ventes d’abonnements, maillots et autres accessoires à l’effigie du Brésilien pourraient également augmenter. A titre de comparaison, l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic, en 2012, avait augmenté les ventes des tenues complètes de 60 %. Celle de Neymar a de grandes chances de produire le même effet, à l’image des supporteurs qui ont pris d’assaut la boutique officielle du club sur les Champs-Elysées, vendredi matin, tous venus acheter leur maillot floqué du numéro 10, entre 85 et 140 euros.

Pas d’ISF pendant… huit ans

Malgré son salaire mirobolant, Neymar ne sera pas soumis à l’ISF pendant huit ans. Une exemption très avantageuse et tout à fait légale puisqu’elle entre dans le cadre du régime des impatriés. Depuis 2008, cette réglementation permet aux étrangers de bénéficier d’avantages afin de rendre plus « attractif » le pays. La dernière loi de finances, datée de juin 2017, a étendu la période effective de ce régime très spécial, passant de cinq à huit ans. Les bénéficiaires sont donc exonérés de l’impôt de solidarité sur la fortune et n’ont pas à déclarer leurs biens situés hors de France durant toute cette période. Hormis l’ISF, certains revenus du patrimoine mobilier (intérêts, dividendes) sont également dégrevés d’impôt à hauteur de 50 %.

Une autre règle, cette fois-ci émanant de l’UEFA, pourrait venir minimiser les gains générés par cette transaction : celle du fair-play financier. En vigueur depuis 2011, cette mesure entend encadrer les dépenses des clubs européens pour « améliorer la santé financière générale du football interclubs ». Elle limite la constitution d’une dette au-delà de 45 millions d’euros pour les équipes de la région. Les sanctions sont variables : du simple blâme à la « rétention de recettes provenant d’une compétition de l’UEFA », voire au retrait d’un titre. Il y a deux ans, le club parisien en avait déjà fait les frais pour un contrat d’image entre l’équipe et l’office du tourisme du Qatar, jugé trop généreux aux yeux de l’organisation. Conséquence : une amende de 60 millions d’euros, dont 20 ferme. Pour ne pas risquer de nouvelles sanctions, les dirigeants du PSG avaient fait le choix de réduire la masse salariale en se séparant de plusieurs joueurs trop onéreux. Avec ce transfert, le plus cher de l’histoire du football, cette solution semble à nouveau s’imposer à eux. Or, si le nombre de joueurs diminue… leurs impôts également, la probabilité qu’ils restent en France étant relativement faible. De quoi calmer la ferveur parisienne à Bercy.