Les parlementaires sud-africains examineront, mardi 8 août, une motion de défiance contre le président, Jacob Zuma, à la tête de l’Afrique du Sud depuis 2009. Cette motion de défiance – la quatrième initiative du genre contre l’actuel chef de l’Etat depuis son premier mandat, dont le second et dernier expire en 2019 – intervient alors que M. Zuma est embourbé dans des scandales politico-financiers à répétition, tandis que le pays, première puissance économique du continent, est entré en récession. Une situation qui affaiblit grandement le Congrès national africain (ANC) à deux ans des élections générales.

Depuis des mois, la colère gronde dans les rangs du parti au pouvoir, qui a mal vécu son revers historique aux élections municipales d’août 2016 et difficilement digéré le limogeage, en mars 2017, du ministre des finances Pravin Gordhan, pourfendeur de la corruption.

« Myriade de scandales »

Le Parlement se prépare « à l’une de ses plus importantes sessions depuis l’avènement de la démocratie » en 1994, ont estimé les vétérans de l’ANC, dont certains ont combattu, aux côtés de Nelson Mandela, pour l’abolition de l’apartheid. L’Afrique du Sud « est le témoin d’un vol à grande échelle, qui laisse le pays appauvri et de plus en plus entre les mains d’un gouvernement de criminels », ont-ils dénoncé dans un communiqué. Pour les vétérans de l’ANC, « la motion de défiance est une issue inévitable de la myriade de scandales dans lesquels » le président Zuma s’est « malheureusement empêtré ».

Le Parti communiste, membre de la coalition tripartite au pouvoir, a de son côté « réitéré » la semaine dernière son appel au président Zuma à démissionner. Il n’a toutefois pas donné publiquement de consigne de vote à ses députés, qui sont membres du groupe parlementaire de l’ANC.

Quant à la principale formation de l’opposition, l’Alliance démocratique (DA), elle a estimé que ce vote représente « une opportunité pour tous de dénoncer la corruption et de se débarrasser du président Zuma et de son gouvernement ». De grandes manifestations étaient prévues lundi et mardi, au Cap et à Johannesburg, pour demander le départ de Jacob Zuma.

Confortable majorité

Dans ce contexte tendu, le parti au pouvoir ne cache pas sa fébrilité. Le chef du groupe parlementaire de l’ANC, Jackson Mthembu, a mis en garde ses députés contre « les conséquences désastreuses » de l’adoption d’une motion de défiance. Cela « plongerait le pays dans une complète instabilité politique et une incertitude économique », a-t-il prévenu.

Cette motion de défiance ne devrait cependant pas passer, selon les analystes, compte tenu de la confortable majorité de l’ANC au Parlement. Le parti majoritaire y compte 249 élus sur 400. Il faudrait qu’au moins 50 d’entre eux fassent défection pour que le vote bascule et que le président et le gouvernement soient contraints de démissionner. Un scénario néanmoins favorisé par la décision de la présidente du Parlement, Baleka Mbete, lundi, de faire voter la motion de défiance à bulletin secret – et non à main levée. Cela pourrait encourager des députés de l’ANC à lâcher le chef de l’Etat.