La garde à vue du jeune homme qui a été arrêté dans la soirée du samedi 5 août à la tour Eiffel, où il avait brandi un couteau en criant « Allah Akbar », a été levée lundi. L’expert psychiatre qui l’a examiné a conclu à « l’abolition du discernement » au moment des faits, a précisé mardi le parquet de Paris.

Le suspect, âgé de 19 ans et qui a des antécédents psychiatriques, a été pris en charge par l’établissement où il était déjà admis dans le cadre d’une hospitalisation d’office au moment de son passage à l’acte.

Une information judiciaire a cependant été ouverte mardi pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Dans le cadre de cette enquête, une nouvelle expertise, plus approfondie, sera ordonnée pour confirmer ou infirmer les premières conclusions de l’expert. Si l’abolition du discernement était confirmée, cela pourrait conduire à l’extinction de l’action publique.

Ce n’est pas la première fois que des experts concluent à l’abolition du discernement d’un auteur d’attentat se réclamant de l’idéologie djihadiste. Le 25 mai 2013, Alexandre Dhaussy, un jeune converti de 24 ans, avait poignardé un militaire à La Défense, à Paris. En novembre 2015, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, se fondant sur trois expertises différentes, l’avait finalement déclaré irresponsable pénalement.

Permission de sortie

Samedi, peu après 23 h 30, le suspect avait franchi un portique de sécurité de la tour Eiffel et sorti un couteau en se dirigeant vers des soldats, visiblement très excité. Des militaires de l’opération Sentinelle lui avaient alors ordonné de poser son arme à terre : il s’était aussitôt exécuté et avait été interpellé sans opposer de résistance. L’incident n’avait fait aucun blessé.

Connu des services pour sa radicalisation, le jeune homme avait profité d’une permission de sortie de deux jours de l’hôpital où il était pris en charge pour passer à l’acte. Placé en garde à vue, il avait affirmé vouloir s’attaquer à des militaires. Alors qu’il était mineur, il avait déjà été condamné à quatre mois de prison par un tribunal pour enfants, en décembre 2016, pour « apologie du terrorisme » et « menaces de mort ».

Durant sa garde à vue, ce week-end, il avait affirmé être en lien avec un membre de l’organisation Etat islamique en Syrie, qui l’aurait incité à passer à l’acte. En raison de ces déclarations et de ses antécédents judiciaires, la section antiterroriste du parquet de Paris s’était saisie de l’enquête dimanche. Des exploitations sont toujours en cours, mais à ce stade, aucune trace de donneur d’ordre ou de complice n’a été découverte dans son matériel informatique, précise au Monde une source proche de l’enquête.