L’ONU tire la sonnette d’alarme pour la République centrafricaine. Les violences redoublent dans le pays et les Nations unies ont estimé lundi 7 août que « les signes avant-coureurs de génocide [étaient] là ». Mardi, l’agence humanitaire des Nations unies, l’OCHA, a décompté 34 morts dans de récents combats entre groupes armés dans le nord-ouest et le sud du pays entre le 30 juillet et le 2 août.

Près de 180 000 personnes ont quitté leur domicile cette année, portant à plus d’un demi-million le nombre de déplacés en République centrafricaine, a souligné le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires, Stephen O’Brien.

Le responsable britannique a précisé qu’il avait été horrifié lors d’une visite dans une église catholique à Bangassou, dans le sud du pays, où 2 000 musulmans ont trouvé refuge il y a trois mois et sont toujours encerclés par des combattants chrétiens menaçant de les tuer.

« Les risques sont extrêmement hauts et nous devons nous concentrer » sur ce sujet « pour décider si nous les relogeons sur un autre site ou non », a-t-il dit.

12 500 militaires déployés

« Nous devons agir maintenant, ne pas réduire l’effort de l’ONU et prier pour ne pas avoir à vivre en le regrettant. » Selon M. O’Brien, il est temps d’augmenter le nombre de militaires et de policiers de la Minusca, la mission de paix conduite par l’ONU en Centrafrique, afin qu’elle puisse réussir son mandat de protection des civils.

La semaine dernière, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de paix, le Français Jean-Pierre Lacroix, avait déjà indiqué qu’il envisageait de demander au Conseil de sécurité de doter la Minusca de davantage de troupes. Il avait alors mis en garde contre une situation devenue « dangereuse », et prévenu que « les gains qui ont été obtenus ces dernières années [risquaient] d’être mis en question ».

Les Nations unies ont déployé 12 500 militaires et policiers en République centrafricaine, pays de 4,5 millions d’habitants, pour aider à protéger les civils et soutenir le gouvernement du président Faustin-Archange Touadera, élu l’an dernier. La France est également intervenue dans le pays entre 2013 et 2016.

Mais le pays peine à se relever d’un conflit entre groupes armés de la Séléka, prétendant défendre la minorité musulmane, et milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes. Neuf casques bleus ont été tués depuis mai dans la région de Bangassou, à la frontière avec la République démocratique du Congo.

La moitié de la population a besoin d’une aide alimentaire pour survivre, a aussi affirmé Stephen O’Brien. La République centrafricaine compte par ailleurs un demi-million de réfugiés. « Une rechute dans une crise humanitaire de grande ampleur est imminente », a jugé le responsable onusien.

Mais les Nations unies ne disposent que de moyens financiers limités. Seuls 24 % des 497 millions de dollars réclamés lors d’un appel à l’aide humanitaire pour le pays ont pour l’heure été reçus.