Manifestation à Al-Hoceima le 20 juillet. / YOUSSEF BOUDLAL / REUTERS

Un manifestant du mouvement de contestation qui secoue la région du Rif, dans le nord du Maroc, blessé à la tête après des heurts avec les forces de l’ordre le 20 juillet, a succombé mardi 8 août à ses blessures, a-t-on appris de source officielle. Il s’agit du premier manifestant tué depuis que la contestation a éclaté, en octobre 2016.

Plongé dans le coma

Imad Atabi était plongé dans le coma depuis sa blessure à la tête le 20 juillet, lors d’affrontements dans la ville d’Al-Hoceima, dans le Rif, entre forces de l’ordre et manifestants lors d’une marche interdite et réprimée par les autorités. La nature de la blessure à la tête d’Imad Atabi n’a jamais été précisée de source officielle, mais les membres du mouvement de contestation dans le Rif ont affirmé qu’il avait été touché par une grenade lacrymogène tirée par les forces de l’ordre.

Transféré à l’hôpital militaire de Rabat, son état de santé s’était « stabilisé », avaient affirmé les autorités. Mais il est finalement mort mardi à l’hôpital, a annoncé le procureur d’Al-Hoceima, affirmant que les investigations étaient toujours en cours pour « élucider les circonstances de cet incident, déterminer les responsabilités et prendre les mesures juridiques qui s’imposent ».

L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a accusé le ministère de l’intérieur d’être « responsable » de ce décès.

Région marginalisée

Al-Hoceima et les localités voisines, situées dans la région historiquement frondeuse du Rif, sont depuis octobre 2016 le théâtre d’un mouvement de contestation, dont les principaux leaders ont été arrêtés fin mai. Les sympathisants du « Hirak », nom donné localement à ce mouvement qui dénonce la « marginalisation » de la région, avaient appelé à une grande marche le 20 juillet pour réclamer la libération de leurs compagnons arrêtés, malgré l’interdiction des autorités.

Les forces de l’ordre étaient intervenues dès le début des rassemblements. Des échanges de jets de pierre entre policiers et manifestants avaient eu lieu et la police avait aussi tiré des grenades lacrymogènes. Les heurts avaient fait plusieurs dizaines de blessés des deux côtés.
La tension est descendue d’un cran fin juillet après le retrait des forces de l’ordre des lieux symboliques d’Al-Hoceima, puis avec la grâce accordée fin juillet par le roi du Maroc à une quarantaine de détenus du mouvement sur plus de 150 personnes incarcérées.