Très utiles pour lutter contre l’aviation allemande lors de la seconde guerre mondiale, ces forts peuvent avoir des allures de  décor de science-fiction. / Barcroft Images/Abaca

Sept forts perdus au large des côtes anglaises. Le métal a rouillé sous les embruns,
dessinant sur leur carcasse des coulées rouge sang. Certaines échelles d’accès demeurent, d’autres sont devenues une poudre friable. De près ou de loin, la vue de cette architecture militaire au milieu des flots reste impressionnante, déroutante. Avec un soupçon de brouillard, ce panorama donne l’impression d’un décor de science-fiction que pourrait avoir imaginé le maître anglais de la discipline, H.G. Wells. Les spécialistes voient d’ailleurs dans les monstres de métal tripodes de La Guerre des mondes (1898) une prémonition de ces forts.

Des garnisons aux studios

Ces constructions furent très utiles au Royaume-Uni pendant la seconde guerre mondiale. Afin de sécuriser la Tamise, devenue le couloir aérien privilégié de la LuftWaffe, l’armée de l’air nazie, pour bombarder Londres, l’ingénieur Guy Maunsell suggéra à la Royal Navy d’implanter des forts, qui prirent d’ailleurs son nom, à l’entrée de l’estuaire. En 1943, les immenses tours armées aux jambes de béton furent enfoncées au plus profond des bancs de sable, à soixante kilomètres de la capitale. Plus de 250 soldats occupèrent ces boîtes métalliques. En première ligne, malmenés par la rudesse des éléments, ils n’y restaient pas par gaieté de cœur. Après la guerre, l’armée abandonna les forts Maunsell, démantelés en 1958.

Très vite, une autre vie, plus libertaire, prit possession de Red Sands. Les sixties battaient leur plein ; c’était l’époque des radios pirates. Les tours, par leur forme et leur emplacement, constituaient un endroit rêvé pour émettre illégalement. Les animateurs de Radio Invicta, plus tard nommée King Radio puis Radio 390, y installèrent leurs studios, avant d’être délogés. Aujourd’hui, ces constructions en déliquescence continuent de faire fantasmer. En parallèle du « Projet Redsand », qui œuvre pour sa conservation, des programmes d’hôtel de luxe (avec héliport) et de studio d’enregistrement sont régulièrement évoqués. Ces vestiges de la guerre finiront-ils dans les vagues ou réhabilités ?

Bande annonce (2min18) du film « Good Morning England », retraçant l’histoire d’une radio pirate en Angleterre.

Good Morning England - Bande Annonce courte - VOST(fr)

Y aller

À cause de leur état de corrosion, les forts ne se visitent pas, mais il est possible de faire un tour en bateau pour les observer de près. Tarif : Entre 60 et 80 € sur la Greta (www.greta1892.co.uk) depuis le port de Whistable (comté du Kent) ou sur X-Pilot (x-pilot.co.uk) depuis Rochester ou Queenborough (comté du Kent).