Le signal risque de ne pas être suffisant. Le président iranien, Hassan Rohani, a nommé, mercredi 9 août, deux vice-présidentes et une femme comme assistante spéciale. Très critiqué la veille pour ne pas avoir désigné de femme ministre, il s’entoure d’un cabinet élargi comprenant une femme de moins que le cabinet sortant.

Massoumeh Ebtekar a été nommée vice-présidente chargée des femmes et de la famille, Laya Joneydi vice-présidente chargée des questions juridiques et Shahindokht Mollaverdi assistante spéciale chargée des droits citoyens.

« L’absence de femmes à des postes ministériels est une manière de faire du surplace », a déploré au quotidien Etemad la vice-présidente sortante, Shahindokht Mollaverdi. Il y a encore quelques semaines, elle avait affirmé espérer « deux ou trois ministres femmes ».

Contrairement aux ministres, les vice-présidents n’ont pas besoin d’obtenir la confiance du Parlement, qui doit se prononcer à partir de mardi sur chaque ministre pressenti. Des députés réformateurs ont d’ores et déjà affirmé que plusieurs d’entre eux pourraient ne pas obtenir la confiance du Parlement.

« La meilleure manière d’aider Rohani est de ne pas voter la confiance aux ministres qui ne partagent pas les positions du président », a déclaré Mohammad Ali Abtahi, qui a été chef de cabinet de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).

« Parler égalité et ignorer les femmes »

Le président Rohani a été vivement critiqué, notamment par les réformateurs, pour ne pas avoir nommé de femmes à des postes ministériels et ne pas avoir rajeuni son cabinet.

« Félicitations pour la nomination massive de sunnites [qui forment moins de 10 % de la population], de femmes et de jeunes dans le gouvernement », a ainsi ironisé dans un tweet le réalisateur Hossein Dehbashi, actif dans la première campagne présidentielle de M. Rohani en 2013 mais qui a multiplié les critiques ces dernières années contre lui. La moyenne d’âge du gouvernement est de 58 ans, contre 57 ans pour le gouvernement sortant, selon l’agence Fars.

De son côté, Mohammad Karoubi, fils de Mehdi Karoubi, l’un des leaders de l’opposition en résidence surveillée depuis six ans, a affirmé sur Twitter : « Le message de la population lors des deux dernières élections ne se reflète que très peu dans le gouvernement proposé. » « A quoi rime de parler d’égalité et d’ignorer les femmes et les minorités religieuses ? », a-t-il ajouté.

« Nous nous attendions à la nomination d’une femme au moins », a renchéri, mardi, Mohammad Reza Aref, chef de file des députés réformateurs au Parlement.

Il a souligné, selon les médias iraniens, que la délégation de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, venue à Téhéran samedi pour assister à la cérémonie d’investiture du président Rohani, ne comprenait pratiquement que « des femmes, ce qui était lourd de signification ».

L’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) avait été le seul président depuis la révolution islamique de 1979 à nommer une femme dans le gouvernement lors de son second mandat. Un ministre et neuf vice-présidents doivent encore être désignés par M. Rohani. Mais, a priori, il ne s’agira pas de femmes.