Une boutique SFR à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique). / STEPHANE MAHE / REUTERS

Deux mois et demi après avoir fondu la marque SFR sous la bannière unique d’Altice, Patrick Drahi a décidé de faire disparaître le titre SFR des cotations de la Bourse de Paris. Le groupe de télécommunications et de médias a annoncé, jeudi 10 août, son intention de procéder en septembre prochain à une offre publique de retrait (OPR) suivie d’un retrait obligatoire, qui va contraindre les actionnaires minoritaires à se défaire de leurs titres.

Cette opération a été rendue possible alors que Altice a réussi à mettre la main sur plus de 95 % des actions, seuil nécessaire pour procéder à cette opération. Jeudi, la holding annonçait en détenir 95,9 %.

L’OPR d’Altice sur SFR n’est pas une surprise : elle intervient dans la droite ligne d’une offre publique d’échange volontaire (OPE) déposée le 5 septembre 2016 pour s’emparer des 22,25 % du capital de SFR qui lui échappait alors. Un communiqué d’Altice précisait qu’il s’agissait de « simplifier sa structure capitalistique et de renforcer sa flexibilité organisationnelle ». Elle devait aussi permettre d’éviter de partager les dividendes exceptionnels avec les actionnaires minoritaires, comme ce fut le cas en 2015, à hauteur de 500 millions d’euros.

A cette époque déjà, la perspective d’une OPR était clairement envisagée par Altice. « L’opération, si elle est suivie de la mise en œuvre d’un retrait obligatoire, présente l’avantage, tant pour le groupe Altice que pour SFR Group, de se libérer de contraintes liées à la cotation de la société et de réduire les coûts liés à cette cotation », précisait Altice.

Modalités trop floues

Mais ce projet s’est heurté à une décision de non-conformité prononcée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), alertée par le fonds activiste CIMA. Dans une décision rendue en octobre, l’AMF a estimé que l’information fournie aux actionnaires minoritaires était insuffisante, s’agissant en particulier d’un dispositif de « rémunération du modèle Altice à la charge de SFR Group » prévu par Altice, dont les modalités apparaissaient trop floues aux yeux du régulateur. L’AMF glissait par ailleurs que la formulation proposée était peu avantageuse pour les actionnaires, « au plus bas des fourchettes de parité » : l’offre proposée alors par Altice était de huit actions Altice NV pour cinq actions SFR Group.

Un contretemps qui suscita la colère de Michel Combes, le directeur général d’Altice – accusant l’AMF d’opérer « un changement de jurisprudence en portant un avis sur la parité, alors qu’elle doit s’en tenir à la conformité de l’offre » –, et un recours devant la justice, finalement rejeté en mars par la cour d’appel de Paris. Pas suffisant cependant pour empêcher Altice de poursuivre son offensive sur les titres SFR, en procédant à des échanges de gré à gré, hors du cadre de l’OPE qui lui aurait garanti une parité fixe, et ce jusqu’à franchir le seuil des 95 %.

Dans le cadre de l’offre publique de retrait, Altice proposera un prix de rachat de 34,50 euros par action. A la veille de l’annonce de cette opération, l’action SFR s’échangeait à 31,45 euros. Dans son communiqué, Altice précise qu’avant le dépôt formel de l’OPR un expert indépendant a été désigné pour « établir un rapport sur le caractère équitable des conditions financières de l’offre envisagée » et que le conseil d’administration de SFR sera réuni pour rendre un avis motivé sur cette offre.